Édito d’avril

110406_2107271015013185925040418219806040368213363308039o«Jusqu’où devra aller Marine Le Pen pour donner des gages de sionisme et d’islamophobie ? Ira-t-elle jusqu’à danser à demi-nue sur un char de la Gay Pride ?»
(Dieudonné, entretien à Rivarol, 11 mars 2011)

Commençons par faire humblement remarquer à Dieudonné que ce n’est pas joli-joli de dénigrer ainsi celle qui est quand même la fille et l’héritière politique du parrain de son propre enfant. Remercions-le ensuite pour la pertinence de son analyse, qui éclaire d’un jour nouveau le mouvement en faveur des droits des homosexuels : défiler lors de la Gay Pride, c’est bien entendu soutenir Israël et conspuer les musulmans. Tous ceux qui ont participé aux dernières Marches des Fiertés sans bien en saisir tous les enjeux sauront désormais à quoi à s’en tenir en juin prochain… Derrière l’apparente absurdité de cette déclaration du tribun d’extrême-droite antisémite et homophobe (pardon, de “l’humoriste de gauche antisioniste et anticommunautariste“) pointe une idée qui commence à faire son chemin en France après avoir rencontré un franc succès aux Pays-Bas ; celle selon laquelle les intérêts des gays et des lesbiennes seraient incompatibles avec ceux des musulmans. Et l’on sent bien, sur Internet, dans les boîtes et dans les bars, qu’une part encore minoritaire mais croissante des homos des deux sexes en vient à voir une menace pour ses libertés ou sa sécurité derrière chaque individu un tant soit peu réticent à l’idée de déguster un bon saucisson de nos régions. On se gardera bien d’expliquer ici à ceux-là comment ils doivent voter en 2012 ou de les traiter de racistes ou de fachos. Nous laisserons plutôt les insultes et le mépris à ceux qui n’ont que les mots «bobos», «bien-pensants», «conformistes» et «politiquement corrects» à opposer à tous ceux qui se refusent à voir derrière chaque musulman un ayatollah en puissance. On ne cherchera pas non plus à nier la difficulté qu’il y a toujours à vouloir concilier la foi (quelle qu’elle soit) et la liberté sexuelle, surtout lorsqu’on est originaire d’un pays dont la culture est fortement imprégnée de valeurs traditionnelles et patriarcales. On se contentera simplement de rappeler notre conviction calme et assurée que seuls le dialogue et le respect mutuel pourront faire reculer les préjugés homophobes comme les préjugés antimusulmans. «Discours de Bisounours», diront certains. Peut-être, mais quelle alternative s’offre à nous ?

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