Looking : la saison 1 de la série gay sort en DVD

En posant l’homosexualité de ses héros comme une évidence jamais remise en cause, la série gay américaine Looking fait preuve d’une stupéfiante modernité.

 

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Ce qui est beau dans Looking, c’est qu’il ne s’y passe rien. Enfin, il s’y passe des choses, bien sûr (on ne bâtit pas une série sur rien !), mais ce qui s’y passe est infime, toujours un peu flou, toujours en hésitation et c’est ce qui séduit, parce que la vie est ainsi, entre deux eaux, entre deux choix, entre deux désirs. Looking, c’est ça, c’est très justement ça : une gracieuse faculté à laisser flotter ses héros dans une sorte de séduisante indécision, une façon désinvolte de laisser venir presque par hasard les événements qui les bousculent. Il y a là un sens du réel tout à fait bouleversant. La saison 2 qui débute (merci à OCS de diffuser en France les épisodes vingt-quatre seulement après les États-Unis) confirme le charme inouï, impalpable, doux-amer qui était celui de la saison 1 qui, elle, sort en DVD. Alors qu’est-ce qu’on regarde dans Looking ? Trois garçons, trois amis sexys de San Francisco aux allures, aux âges, aux modes de vie très différents, qui s’épaulent dans les coups durs, qui se chamaillent, qui draguent les mecs, qui ont des aventures, qui ont des angoisses, qui ont des projets, qui baisent, qui boivent, qui pleurent, qui sortent… C’est cela et c’est tout. Une structure un peu lâche qui laisse l’intégralité de la place aux personnages, qui nous laisse tout l’espace pour les approcher, les aimer, les comprendre. On est assez loin ici de cette autre belle série gay, Queer as folk, de son énergie, de sa frénésie, de ses personnages très dessinés : l’époque a changé, le traitement à l’écran de l’homosexualité aussi. Dans Looking, on n’est plus dans l’affirmation d’une identité, juste dans la captation d’un vécu. La modernité de la série se mesure d’ailleurs à sa faculté à poser l’homosexualité de ses héros comme une évidence jamais remise en cause. L’intelligence de Looking, c’est enfin de jouer à merveille d’un double tempo (le temps court d’épisodes brefs de vingt-six minutes et le temps long de la série) pour se déployer et laisser évoluer tout en douceur ses personnages. On les saisit, on les abandonne et on attend avec impatience de les retrouver. Comme tous les hommes qu’on aime, non ?

Looking, intégrale de la saison 1 (en DVD chez Warner Home Video/HBO)
Looking, saison 2, en cours de diffusion sur OCS

Photos : Muray Bartlett, Jonathan Groff et Frankie J. Alvarez dans Looking

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