“Robot !” de Blanca Li : human after all…

Dans le dernier spectacle de Blanca Li, sobrement intitulé Robot !, la chorégraphe espagnole se propose d’explorer les frontières entre l’humain et la machine.

Jusqu’à présent, les termes «danse» et «robot» étaient associés essentiellement pour faire référence à un enchaînement de mouvements saccadés très eighties, lointainement hérités de Michael Jackson, auquel s’adonnent encore quelques irréductibles sur les dancefloors de Vierzon et d’ailleurs. Rien de cela cependant dans le dernier spectacle de Blanca Li, sobrement intitulé Robot !, dans lequel la chorégraphe espagnole se propose d’explorer les frontières entre l’humain et la machine.

A priori, on pourrait craindre qu’il ne s’agisse de la sempiternelle critique des avancées technologiques qui nous déshumanisent peu à peu, fleurant bon la nostalgie à peu de frais. Or, si Blanca Li ne fait pas l’impasse sur l’aliénation que peut engendrer l’omniprésence des machines (avec des tableaux qui ne sont pas sans rappeler Les Temps modernes de Chaplin et sa dénonciation du taylorisme), le spectacle ne tombe pas dans le piège du manichéisme. Dès les premières images, la superposition de projections vidéo sur le corps d’un danseur nous rappelle à la fois que le corps humain est doté de mécanismes complexes et que les armures guerrières du Moyen-Âge semaient déjà le trouble entre l’homme et la machine. Et c’est ce va-et-vient, ce passage d’un état à un autre, cette porosité, à laquelle s’attache la chorégraphe.

Robot ! blanca li heteroclite copyright Laurent Philippe

Robots à paillettes et en boa

Ainsi, les corps des danseurs, souvent dénudés et dessinés par la lumière, côtoient sur le plateau des machines musicales imaginées par le collectif japonais Maywa Denki, à la fabrication volontairement désuète. Évoquant tour à tour des fleurs ou des poumons gonflés d’air, ces mécanismes faits de bric et de broc célèbrent la capacité de l’être humain à observer son environnement et à s’en inspirer pour créer des choses nouvelles. En outre, le surgissement de cinq NAO, maladroits petits robots anthropomorphes auxquels les interprètes apprennent progressivement des pas de danse, souligne la capacité de la robotique à créer de l’émotion à partir de circuits électroniques et de puces informatiques, surtout lorsque ces androïdes revêtent une veste à paillettes et un boa.

Loin du discours à charge, le spectacle de Blanca Li, non dénué d’humour et d’exubérance, se révèle alors un état des lieux très actuel de notre rapport aux machines, entre crainte et fascination.

 

Robot !, du 14 au 21 mars à la Maison de la Danse, 8 avenue Jean Mermoz-Lyon 8 / 04.72.78.18.00 / www.maisondeladanse.com

 

Photo 1 © A. Jerocki
Photo 2 © Laurent Philippe

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