Philippe Jaroussky, contre-ténor et militant

Philippe Jaroussky, le plus célèbre des contre-ténors français, n’est pas seulement un chanteur à la voix angélique. Il est aussi un artiste engagé et militant. Sollicité par la fondation LINK pour soutenir les actions de dépistage rapide du VIH menées par l’association AIDES, Philippe Jaroussky avait carte blanche pour un récital exceptionnel à l’Opéra de Lyon, ce lundi 20 avril.

philippe jaroussky heteroclite copryight marc ribesAccompagné sur scène par un clavecin et un quatuor à cordes, il a commencé par faire honneur au répertoire baroque avec des œuvres de Monteverdi et Haendel, mais pas seulement. Jouant de ses multiples talents, Philippe Jaroussky a lui-même tenu la partie de tambour lors de l’ouverture de la Pie voleuse de Rossini et nous a offert un irrésistible Duo des chats (toujours de Rossini), avec la mezzo-soprano Karine Deshays et Jérôme Ducros au piano.

La deuxième partie de la soirée, qui se voulait plus militante, a débuté par un bref discours de l’ancienne ministre de la Santé de Nicolas Sarkozy Roselyne Bachelot. Après avoir rappelé que le sida avait causé la mort de vingt-cinq millions de personnes depuis son apparition il y a plus de trente ans, elle a parlé de l’importance, pour lutter efficacement contre l’épidémie, du combat contre l’homophobie et toutes les formes de discriminations. Karine Deshays a alors chanté Over the rainbow, morceau immortalisé par Judy Garland dans le film Le Magicien d’Oz (1939) et devenu l’hymne du mouvement de libération homosexuelle après les émeutes new-yorkaises de Stonewall (1969). En hommage à toutes les victimes, Philippe Jaroussky a ensuite repris le violon (son instrument de jeunesse) et interprété le poignant Adagio pour cordes de Samuel Barber.

Une initiative de la fondation LINK

Puis, place fut faite à l’humour avec Denis d’Arcangelo, alias Madame Raymonde, accompagnée à l’accordéon par Sébastion Mesnil (dit Le Zèbre). Avec une gouaille toute parisienne, Madame Raymonde a plongé la salle dans l’hilarité par son jeu de scène, son interaction avec le public et son interprétation de La Belle Abbesse, sur des paroles de Pierre Philippe et une musique de Juliette.

Le récital s’est terminé avec Comme ils disent de Charles Aznavour, chanté par Karine Deshayes, Madame Raymonde et Philippe Jaroussky, rejoints pour les dernières paroles par Roselyne Bachelot.

C’est une salle debout qui a ovationné les artistes, tant pour leur talent et leur engament que pour l’extraordinaire soirée qu’ils nous ont offerte.

Après le spectacle, Philippe Jaroussky, dont on connaissait déjà l’implication auprès de l’association IRIS (qui vient en aide aux patients atteints de déficits immunitaires primaires et qu’il parraine), nous a confié qu’il souhaitait aller plus loin. Cette voix qui lui apporte tant de joie à travers sa vie d’artiste, il a le désir de la partager plus encore en soutenant des actions qui lui tiennent à cœur. C’est donc naturellement qu’il a répondu favorablement à la sollicitation de la fondation LINK. Il regrette simplement que ce spectacle, mis sur pied en moins de trois mois, n’ait été monté pour l’instant qu’à l’Opéra de Lyon. Mais il ne désespère pas de pouvoir le jouer sur d’autres scènes, offrant sa voix pour plus de tolérance et pour tous ceux qui luttent au quotidien contre les ravages du sida.

 

Photos © Marc Ribes / Erato

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