Die Trummerfrauen Journées de l'allemagne Le Carré 30 Lyon

Le Carré 30 se met à l’heure allemande

Jacques-Yves Henry ne sera bientôt plus le directeur du théâtre Le Carré 30 : il quitte en effet ses fonctions pour partir s’installer en Allemagne, un pays cher à son cœur. Au cours du mois de juin, le Carré 30 lui rendra hommage en programmant des “Journées de l’Allemagne”. Trois créations de Jacques-Yves Henry, toutes axées autour du pays de Goethe, seront jouées.

Die Trummerfrauen Journées de l'allemagne Le Carré 30 LyonDu 4 au 7 juin, nous pourrons (re)découvrir au théâtre Le Carré 30 La Peau d’un singe, une pièce basée sur une histoire vraie. Dans les années 30, à Dresde, un jeune homme se produisait dans les cabarets vêtu d’une peau de singe. La rumeur courut qu’il était juif. C’est à partir de cette supposition que Jacques-Yves Henry a construit l’identité de son homme-singe. Le père du jeune homme est un médecin issu de la petite bourgeoisie, très bien intégré à la société allemande de l’époque. Mais la réputation de la famille est entachée par leur appartenance religieuse : ils sont Juifs et vivent dans un microcosme profondément antisémite. Bien avant le Troisième Reich, cette “tare” leur causait déjà du tort… Jacques-Yves Henry questionne ici les notions de “moi public” et de “moi privé” qui, chez ses protagonistes, se retrouvent en décalage constant.

De la même façon, les générations entrent elles aussi en conflit dans la seconde pièce de ce cycle de représentations, Die Trümmerfrauen (du 9 au 20 juin – photo ci-contre). Trümmerfrauen : une expression bien allemande que l’on pourrait traduire par “les femmes des ruines”. Cette désignation renvoie à ces mères-courages qui ont dû rebâtir seules des villes entières après le conflit de 1939-1945 : la pénurie d’hommes, disparus à la guerre, ne leur a pas laissé le choix.

Dialogues entre les générations

Jacques-Yves Henry nous livre dans sa pièce un dialogue entre trois générations de femmes allemandes. La plus âgée, qui aida à reconstruire le pays, est une catholique conservatrice qui a obtenu la médaille des femmes allemandes sous le régime nazi. La seconde, quarantenaire, est atteinte du syndrome de “l’ostalgie” , soit la nostalgie du régime socialiste est-allemand. La plus jeune, quant à elle, entreprend de “digérer” le passé – loin de la culture de la honte et de la culpabilité de ses aînées. Les trois femmes vont se retrouver nez à nez avec une voisine juive qui entreprend d’immigrer vers Israël. Qu’auront-elles à lui dire ?

Le Carré 30 clôturera ce cycle germanisant avec Noir, rouge, or (du 13 au 16 juin), dont le titre évoque les couleurs du drapeau allemand, portées tant bien que mal par trois générations – d’hommes, cette fois-ci. Le noir ira au grand-père qui, pendant la période nazie, fut bourreau à Buchenwald. Le rouge sera pour le fils, devenu cadre du parti socialiste est-allemand après des études à Moscou. Enfin, la nouvelle génération portera l’or en la personne du petit-fils. Trader fortuné, il est un pur produit de la victoire du capitalisme sur les utopies socialistes déçues. Autant de couleurs que de personnalités singulières qui composent la société allemande. Au travers de cette rétrospective, Jacques-Yves Henry nous livre le portrait d’une Allemagne complexe qui essaye de se réconcilier avec son histoire.

 

Le Carré 30, 12 rue Pizay-Lyon 1 / 04.78.39.74.61 / http://theatrecarre30.wixsite.com/site

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