Discodromo à Lyon pour la Marche des Fiertés LGBT

Derrière les machines de Discodromo, il y a deux des créateurs des soirées queer berlinoises Cocktail D’Amore, des nuits rythmées par des sets multi-influencés qui mélangent tout et ne se refusent rien.

Trois créatures de magazine gigotent dans un salon lynchéen. L’une porte une tête de cheval, une autre est en combinaison moulante. Il y a aussi du tulle coloré, des talons hauts, des pistolets, le tout shaké par une caméra rotative qui donne le tournis. Voici comment se présente le duo Discodromo (en collaboration avec Massimiliano Pagliara) dans le clip de son morceau Samba Imperiale (qui n’a de samba que le rythme, car on cherche encore les sifflets, la batucada et les altermondialistes…). Façon de dire que l’électro, même lorsqu’il se fait world, se doit de rester putassier et sexy. C’est là la leçon numéro 1 de Discodromo : exit la bière sur-alcoolisée, les baggies et les teufeurs scotchés aux enceintes ; place aux cocktails improbables, au queer et à la danse !

discodromo copyright Benjamin Alexander Huseby

Giacomo Garavelloni et Giovanni Turco, le grand chauve et le petit barbu, ont grandi en Italie avant de s’installer à Berlin en 2008. Ils sont les initiateurs, aux côtés de Boris (autre figure haute en couleurs des nuits de la capitale allemande), des soirées queer Cocktail D’Amore. Depuis cinq ans, ces rendez-vous mensuels connaissent un succès fou dans les milieux gays alternatifs berlinois et, plus largement, auprès de tous ceux et toutes celles qui veulent profiter d’une fête sans limite, au sein de laquelle toutes les sexualités et tous les genres sont les bienvenus.

Un succès qui ne se dément pas

C’est peu de dire que le cocktail fonctionne bien : on s’arrache aujourd’hui Discodromo. Tout le monde les aime, pour leur musique bien sûr, mais aussi pour des raisons un peu plus futiles : ils sont sexy, Berlinois (notre rêve à tous et toutes) et résidents au Berghain, le club mythique devant lequel il est fabuleux de faire la queue pendant des heures et des heures avant de se faire pointer à l’entrée par le chef des physios, un Golgoth tatoué, piercé et hyper-taiseux (également photographe à ses heures perdues, comme on a pu le voir récemment grâce à son exposition itinérante passée par le Goethe Institut de Lyon l’an dernier).

Cerise sur le cocktail et summum de la hype, Discodromo a aussi participé à Boiler Room, le projet londonien créé il y a cinq ans qui consiste à broadcaster en live sur une web TV les performances des Dj’s les plus cools de la planète, dans des endroits tout aussi cools au milieu d’un public très restreint (et évidemment très cool). Bref, la réputation de Discodromo est reluisante, son vernis est parfait. On aurait presque aimé détester le duo par snobisme mais impossible !

Tutti frutti

Tous les barmen vous le diront : pour réussir un bon cocktail, il faut rassembler au minimum trois ingrédients et s’assurer qu’aucun ne l’emporte sur les autres, pour que l’ensemble génère une nouvelle saveur, un goût unique. De ce côté-là, Discodromo n’a rien à envier à Tom Cruise (période années 80). Giacomo et Giovanni sont les chefs de leur bar et mélangent mieux que quiconque tout ce qui tombe dans leur machine, sans aucune auto-censure. Ils sont capables de mixer des sons contemporains à d’autres très entendus, patinés, voire ultra-kitsch. Leur mixture est toujours parfaitement réussie et a la particularité de se déguster de l’apéritif au dessert.

Au goût, on y décèle évidemment une bonne lampée d’électro, leur carburant de base. Au gré des titres s’ajoutent ensuite des mix, des ingrédients et des rythmes inattendus : flûtiaux, percussions ou réminiscences samba qui nous amènent à danser sur une électro-house mâtinée de world music incroyablement bitchy ! Au hasard des sets de Discodromo, des voix vocodées poussent parfois quelques râles érotiques, le funk s’invite sur quelques lignes de basse, des solos de guitares psychédéliques peuvent retentir. Mais c’est surtout le disco, pas toujours clairement identifiable mais jamais très loin, qui sous-tend l’ensemble.

Un état d’esprit avant tout

Difficile donc de mettre une étiquette sur le résultat de ces étranges expérimentations sonores, de dire à la fin d’une soirée sur quelle musique nous avons esquinté nos Bensimon des heures durant. On peut certes décortiquer quelques passages qui nous reviennent par flash, reconnaître parfois des rythmes familiers, mais le mieux est encore tout simplement de se dire que Discodromo, à l’image des soirées Cocktail D’Amore, c’est avant tout un état d’esprit, ouvert, très ouvert. Ce n’est pas un cocktail que nous proposent Giacomo et Giovanni mais des centaines par soirée, remisant ainsi au placard (no pun intended) Tom Cruise, son shaker et son brushing.

 

Discodromo, samedi 20 juin au Transboclub, 3 boulevard de Stalingrad-Villeurbanne / 09.50.85.76.13 / www.lelavoirpublic.com/grandbain

 

 

Notre Top 5 des titres de Discodromo

1. Samba Imperiale (avec Massimiliano Pagliara)
2. Cosmorama
3. Build A House (feat. Hard Ton)
4. Boi
5. Nova (avec Sergio Wow!)

 

 

Photo 1 © DR
Photo 2 © Benjamin Alexander Huseby

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