“Chicks for money” : c’est quoi, être un homme ?

Dans le cadre du Festival des 7 collines, le spectacle Chicks for money and nothing for free tente de définir ce que veut dire être un homme aujourd’hui.

Si les normes de genre ne pèsent pas du même poids sur les hommes et sur les femmes, il n’en reste pas moins vrai que la masculinité, à l’instar de la féminité, peut elle aussi être un carcan oppressif et réducteur. Partant d’un documentaire de 1977, Pumping Iron, qui suit le parcours d’Arnold Schwarzenegger et d’un groupe de bodybuilders tentant de décrocher le titre de Mr. Olympia, les cinq interprètes de Chicks for money and nothing for free se sont penchés sur l’image de la virilité.

Pour ces artistes belges originaires de Gand, il ne s’agit toutefois pas de se moquer un peu facilement d’une discipline sportive souvent dépréciée, mais bien de chercher à comprendre les mécanismes à l’œuvre au sein d’un groupe d’hommes. En effet, dans ce spectacle qui mêle à la fois danse, théâtre et mime, la masculinité n’est pas envisagée au niveau de l’individu mais dans la dynamique du groupe.

chicks for money and nothing for free copryight Phile Deprez

Dès l’ouverture de rideau, les comédiens se jaugent, bombent le torse, rentrent le ventre et bandent leurs muscles dans l’espoir d’impressionner les autres mais également de trouver leur place. La compétition semble d’ailleurs au cœur des échanges entre ces hommes qui ne cessent de rivaliser de force et de puissance les uns avec les autres, entraînant une course à l’excès qui peut paraître futile mais qui se révèle aussi fédératrice. Ainsi, la violence des gestes et de la musique, l’amoncellement de mousse à raser et de bières sur le plateau de Chicks for money…, soulignent les clichés associés à la masculinité et mettent au jour la fragilité des interprètes.

Masculinité ambiguë

Leur quête de virilité pousse les cinq hommes à se mettre à nu, littéralement, pour une scène de bain collective au sous-texte homo-érotique. Cette impression se trouve encore renforcée lorsqu’ils se mettent à jouer avec des canettes de bière, qu’ils descendent à une vitesse impressionnante pour mieux se cracher le liquide malté les uns sur les autres. Comment ne pas voir dans ce jeu puéril, qui rappelle les soirées viriles des fratboys américains, une évocation des golden showers ?

Les normes, soumises au regard extérieur, apparaissent ainsi sujettes à interprétations et à équivoques. De même, la contrainte que les codes de la masculinité peuvent exercer sur les corps s’incarne dans la prouesse de contorsion qui voit les cinq artistes, à demi-nus, compressés dans un cube de verre. Entre ciment du groupe et poids parfois difficile à porter, la virilité de Chicks for money and nothing for free apparaît alors comme une masse mouvante qu’il faut chercher à adapter.

 

Chicks for money and nothing for free, vendredi 3 juillet à l’Échappé, 17 avenue Charles de Gaulle-Sorbiers / www.festivaldes7collines.com

 

À voir aussi au Festival des 7 collines

Ensemble : un duo masculin d’acrobates qui mélangent danse et cirque (dimanche 5 juillet à la Chartreuse-Sainte-Croix-en-Jarez)
Cla’nks : cinq danseuses se lancent sur la scène, telles des musiciennes (lundi 6 et mardi 7 juillet à la Comédie de Saint-Étienne, 7 avenue du Président Émile Loubet-Saint-Étienne)
Duet for two dancers : une chorégraphie pour deux interprètes qui se demandent ce que danser signifie (jeudi 9 juillet à la Comédie de Saint-Étienne, 7 avenue du Président Émile Loubet-Saint-Étienne)

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