La science-fiction à l’honneur de la Cité du Design


L’exposition de la Cité du Design Culture interface : numérique et science-fiction met en évidence l’influence des films de science-fiction sur le design.


 

cité du design Copyright_Yamaha

 

Entre la récente célébration des trente ans de Retour vers le futur et la sortie imminente de Star Wars : Épisode VII, les films de science-fiction sont décidément à la mode. Ça tombe bien pour la Cité du Design de Saint-Étienne, qui a inauguré le 3 novembre une exposition (Culture interface : numérique et science-fiction) appelée à durer près de dix mois et qui s’intéresse à l’influence du cinéma (mais aussi des séries, des romans…) SF sur le design. Car si on attend toujours les voitures volantes promises pour l’an 2000, d’autres innovations imaginées par des créateurs visionnaires ont bel et bien vu le jour.

Le commissaire Nicolas Nova a choisi de s’intéresser plus particulièrement à celles qui font l’interface entre l’homme et son environnement, à travers huit thématiques : visiocasques ou neurocasques, interfaces gestuelles ou vocales, montres intelligentes, réalités augmentées… Autant de termes qui peuvent paraître un peu abstraits mais qui prennent une dimension plus concrète dans l’espace démo de 200m² mis à la disposition des visiteurs, qui peuvent aussi bien consulter des ouvrages et visionner des films d’anticipation que manipuler certains objets.

Par son thème, l’exposition nous rappelle également que la  science-fiction n’a hélas pas influencé que les seuls designers mais qu’elle peut également être instrumentalisée à des fins réactionnaires. De 1984 de George Orwell au Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, les divers mouvements opposés au mariage pour tous, à la procréation médicalement assistée ou à la gestation pour autrui mobilisent massivement les grandes dystopies cauchemardesques pour nous promettre un avenir totalitaire si, par malheur, nous osons remettre en cause l’Ordre Naturel, forcément juste et bon…

Au point de contaminer les espaces de débat public censés préserver une certaine neutralité : il y a quelques mois, La Chaîne Parlementaire (LCP), chaîne du service public, faisait ainsi débuter une soirée thématique consacrée aux nouvelles techniques reproductives par le film d’Andrew Niccol Bienvenue à Gattaca (1997), très bon au demeurant mais peu propice à une discussion dépassionnée sur ces questions. Imagine-t-on un débat sur l’actuelle prédominance politique et économique de l’Allemagne en Europe qui commencerait par un film évoquant le nazisme ?

Plus inquiétant encore, cette critique (évidemment à géométrie variable) de la technologie permet des rapprochements entre catholiques traditionnalistes et certains courants écologistes sur le dos des minorités sexuelles qui ont l’impudence de souhaiter avoir une descendance. Sans scientisme naïf ni panique morale, l’exposition de la Cité du Design ouvre ainsi la porte à la réflexion sur les technologies que nous voulons, celles que le marché nous impose et celles qui possèdent en elles un potentiel émancipateur.

 

Culture interface : numérique et science-fiction, jusqu’au 14 août à la Cité du Design de Saint-Étienne, 3 rue Javelin Pagnon-Saint-Étienne / 04.77.49.74.70 / www.citedudesign.com

 

Photo 1 © Superflux
Photo 2 © Yamaha

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