Romeo Castellucci et Krzysztof Warlikowski, un choc de titans

Romeo Castellucci et Krzysztof Warlikowski comptent parmi les plus grands metteurs en scène européens. Le premier reprend Orestea (una commedia organica ?) créée il y a vingt ans d’après L’Orestie d’Eschyle ; le second s’attaque à La Recherche du temps perdu de Marcel Proust.

 

Orestea (una commedia organica) romeo castellucci credit Guido Mencari

Le choc n’est pas à prévoir entre ces deux artistes majeurs, aux esthétiques et préoccupations différentes, mais entre leurs œuvres et nous-mêmes. Tous deux sont en effet les artisans d’un théâtre qui charrie les mythes anciens, tend un miroir à l’Europe et manie aussi bien l’épure classique que le baroque. Leurs spectacles sont rarement complaisants, n’hésitant pas à nous heurter, nous transformant souvent.

Dans Orestea, Castellucci s’empare de la trilogie du premier des tragiques, Eschyle, fouillant ce que cette œuvre a de primordial et de barbare. Résolument du côté de Clytemnestre, qui a tué son mari Agamemnon, et contre Oreste, son fils bientôt matricide, le metteur en scène italien situe le tragique dans les corps, comme suggéré dans le sous-titre («une comédie organique ?»), montrant des femmes ogresses, obèses, et des hommes rachitiques. Comme dans ses pièces ultérieures, le texte est traité comme un matériau, le décor comme un champ de forces, les corps comme le siège de l’histoire.

Si Romeo Castellucci est un archéologue, dont le travail de fouille passe par le rituel et l’étrangeté, Krzysztof Warlikowski s’apparente davantage à un architecte, un assembleur. Ses mises en scène de théâtre ou d’opéra superposent et articulent les époques, les récits, les voix, créant des circulations inattendues, souvent spectaculaires, entre le texte, son contexte, notre actualité et notre inconscient collectif. Après s’être confronté aux classiques (Shakespeare, Euripide, Eschyle) mais aussi à des contemporains (Tony Kushner, Tennessee Williams, etc.), Warlikowski nous guide dans les méandres du grand récit proustien. Une époque charnière, où tout un monde s’éteint pendant qu’un autre affleure, décrit comme un palais des glaces au sein duquel on peut débusquer les faux-semblants, mais aussi entrevoir les germes des catastrophes à venir.

 

Orestea (una commedia organica ?)
Du 13 au 16 janvier à la MC2, 4 rue Paul Claudel-Grenoble / 04.76.00.79.79 / www.mc2grenoble.fr
Du 20 au 27 janvier aux Célestins-Théâtre de Lyon, 4 rue Charles Dullin-Lyon 2 / 04.72.77.40.00 / www.celestins-lyon.org

Les Français
Les 23 et 24 janvier à la Comédie de Clermont-Ferrand, 71 boulevard François Mitterrand-Clermont-Ferrand / 09.65.02.26.02 / www.lacomediedeclermont.com

 

Photos : Orestea (una commedia organica ?) © Guido Mencari

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