Le collectif In Vitro tire le bilan des années post-Mai-68

Le collectif In Vitro, créé en 2009 par Julie Deliquet, défend l’idée d’un théâtre travaillé et élaboré en groupe, à partir de longues séances d’improvisation, où chacun apporte sa pierre à l’édifice final. Il n’est donc pas étonnant de le voir s’attaquer aux utopies nées de la révolte de Mai 68.

C’est la pièce de Jean-Luc Lagarde, Derniers remords avant l’oubli, qui sert de genèse au projet du triptyque Des années 70 à nos jours du collectif In Vitro. Dans cette pièce, le dramaturge illustre le passage des hippies des années 70 aux yuppies des années 80 à travers l’histoire de trois personnages, Pierre, Paul et Hélène, qui ont acheté ensemble une maison en 1968 afin de vivre leur idéal d’un foyer à trois, loin des carcans de la bourgeoisie d’alors. Néanmoins, dix ans après, les trois amis ont suivi des routes différentes. Rattrapés par les normes sociales, ils se retrouvent pour vendre la maison, tirant ainsi le bilan de leurs espérances et utopies passées.

 

derniers remords avant l'oubli collectif in vitro julie deliquet credit Sabine Bouffelle

 

Afin d’étoffer leur réflexion autour de la génération de Mai 68, les membres du collectif In Vitro ont choisi de flanquer la pièce de Lagarce de deux propositions théâtrales au dispositif scénique très similaire : ainsi La Noce, tirée de la pièce de Brecht La Noce chez les petit-bourgeois, et Nous sommes seuls maintenant, création originale du collectif, accueillent en plateau un grand nombre de personnages au cours d’un repas de famille.

Dans La Noce, pièce écrite en 1919 et transposée dans les années 70, il s’agit d’imaginer la fougue de la jeune génération qui se révolte contre celle de ses parents.

 

la noce collectif in vitro julie deliquet credit Sabine Bouffelle

 

Illusions envolées

Dans Nous sommes seuls maintenant, en revanche, l’heure est au bilan pour la génération de Mai 68, embourgeoisée à son tour et soumise au regard de ses propres enfants, qui ont à leur tour vingt ans. Face aux contradictions, aux lâchetés, aux oublis, chacun tente alors de tirer le bilan des espoirs d’une jeunesse qui semble s’être perdue en route.

Bien qu’il se défende d’intenter le procès des années 70, le collectif In Vitro tient cependant le compte des illusions envolées et des utopies avortées. Néanmoins, la présence du groupe sur le plateau, la large place laissée à l’improvisation, l’anarchie légère qui habite la scène et le capharnaüm apparent laissent transparaître la tendresse que les membres de la troupe continuent d’éprouver à l’égard de leurs aînés et de leur tentative de changer le monde.

 

La Noce, mercredi 16 mars
Derniers remords avant l’oubli
, jeudi 17 mars
Nous sommes seuls maintenant
, vendredi 18 mars
Triptyque Des années 70 à nos jours en entier, samedi 19 mars
Au Théâtre de la Croix Rousse, place Joannès Ambre-Lyon 4 / 04.72.07.49.49 / www.croix-rousse.com

 

Photos Nous sommes seuls maintenant, Derniers remords avant l’oubli, La Noce © Sabine Bouffelle

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