“His Spread Legs”, un chant d’amour gay

C’est à un singulier exercice que vont se soumettre l’auteur britannique Ben Webb et le jeune comédien, metteur en scène et auteur Étienne Gaudillère : le compte-rendu sur scène d’un travail de traduction autour du texte His Spread Legs.

Etienne GaudillereEn juin 2015, Étienne Gaudillère (photo) montait Conversation privée, un spectacle extrait de sa propre pièce Pale Blue Dot, autour de l’implication de Chelsea Manning dans l’affaire Wikileaks (un travail qu’il s’apprête à présenter en intégralité en mai prochain au NTh8). Ce mois-ci, il participe à une expérience de traduction en plateau avec l’auteur britannique Ben Webb. Ce dernier est l’auteur d’une trilogie intitulée The Well and Badly Loved (Le Bien- et le Mal-Aimé), dont His Spread Legs est le deuxième volet. Cette série de textes retrace l’histoire d’amour de Tom et Matt, sous trois angles de vue différents.

Dans His Spread Legs, c’est Tom qui prend la parole. Un an s’est écoulé depuis la première partie de la pièce et les deux protagonistes se sont séparés. Seul chez lui, au milieu de la nuit, Tom se lance dans un long monologue qui dit la perte et le manque de l’être cher, la mémoire du corps et des étreintes et la difficulté du pardon et de l’oubli. L’écriture de Ben Webb se déploie comme un long poème qui emprunte des métaphores bucoliques au Cantique des Cantiques, alliées à un vocabulaire de la sexualité plus direct et plus cru. De la confrontation de ces registres de langue naît alors une tension entre lyrisme éthéré et précision biologique. Une tension propre à restituer le trouble de Tom inhérent à toute séparation amoureuse, quand la blessure se révèle aussi bien sentimentale que charnelle.

Traduttore, traditore ?

Max Hutchinson His Spread Legs London 2010 copyright Claire Bilyard

Au moment de la création de la pièce à Londres, Ben Webb déclarait que The Well and Badly Loved était «une réponse passionnée et poétique aux politiques publiques homophobes qui ont marqué longuement le langage artistique et social d’une génération». C’est pourquoi, outre la simple traduction du texte, il souhaite que sa pièce connaisse une véritable adaptation en résonnance avec le contexte du pays dans lequel elle est jouée. Ainsi, durant une semaine, il va travailler à Lyon avec Étienne Gaudillère et un traducteur afin de proposer une version française du texte lors d’une lecture-représentation. Il sera également possible d’être témoin d’une séance de travail du trinôme lors d’un atelier ouvert au public le 5 mars de 11h à 16h. Cette histoire d’amour et de trahison permettra alors peut-être de vérifier l’adage selon lequel traduire, c’est trahir.

His Spread Legs, mercredi 9 mars au Nouveau Théâtre du 8ème, rue du Commandant Pegout-Lyon 8 / 04.78.78.33.30 / www.nth8.com

 

Photo 1 : Ben Webb © Elyse Marks
Photo 2 : Étienne Gaudillère © DR
Photo 3 : Max Hutchinson dans His Spread Legs lors de la création de la pièce à Londres en 2010 © Claire Bilyard

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