“Les Guérir” d’Olivier Charneux, revient sur les atrocités nazies

Le dernier roman de l’écrivain Olivier Charneux, Les Guérir, décrit les expérimentations “médicales” menées sur des homosexuels par les nazis. 

olivier charneux les guérirOn travaille sur un sujet depuis des années et on croit tout savoir, ou en tout cas connaître l’essentiel, cerner à peu près les dates, les étapes, les problématiques. Et puis voilà qu’une publication vient chambouler les certitudes, qu’une trouvaille change les perspectives. Et c’est formidable, le passé qui s’extrait ainsi, tout neuf, d’un des trous du temps, qui reprend forme, qui donne un autre sens à l’Histoire mais aussi, c’est une banalité de le dire, au présent, puisque c’est quand même à ça que ça doit servir. Ainsi ce roman, Les Guérir, d’Olivier Charneux.

Olivier Charneux ne se contente pas de mettre à jour une figure totalement oubliée, le médecin danois Carl Vaernet, et de raconter, à travers toute une série de saynètes, trente ans de son terrifiant parcours (de 1914 à 1945). Il l’utilise aussi pour éclairer des situations contemporaines. Car qu’a fait Vaernet et que retrace Charneux ? Il a voulu à toute force, avec l’aide des nazis, guérir les homosexuels, et s’est servi pour cela de cobayes humains choisis dans le camp de Buchenwald… Or, les volontés de «soigner» les homosexuels n’ont pas disparu avec le régime hitlérien ; elles perdurent encore à travers le monde. Les monstres qui nous voient comme des malades sont toujours parmi nous.

Un film et une revue sortis des limbes

Les nazis d’ailleurs ne voulaient pas juste nous guérir, ils voulaient surtout nous annihiler. Et ce n’est pas pour rien que l’Institut de Sexologie créé par Magnus Hirschfeld à Berlin fut une de leurs premières cibles lors de leur arrivée au pouvoir.

Hirschfeld y accueillait travestis et homosexuels ; il y avait même produit en 1919 le premier film militant pour la dé-criminalisation de l’homosexualité, ce Différent des autres sorti des limbes il y a quelques années seulement après une histoire rocambolesque et qui vient d’être montré en version complétée à la Berlinale. Là aussi, la résurrection de ce film a modifié en profondeur la connaissance que l’on avait de la vie des gays au début du siècle dernier et des obstacles qu’ils avaient à affronter.

anders als die anderen different des autres richard oswald

Et c’est encore cela (qui nous rappelle que rien n’est jamais acquis, surtout pas les droits des minorités !) que donne à comprendre la riche édition commentée des fac-similés d’Inversions, l’une des premières revues gays françaises, parue en 1924-1925.


Les Guérir
d’Olivier Charneux (éditions Robert Laffont)
Inversions de Michel Carassou (éditions Non Lieu)
Différent des autres de Richard Oswald, jeudi 3 mars à 20h au Goethe Institut, 18 rue François Dauphin-Lyon 2 (projection organisée dans le cadre du festival Écrans Mixtes et précédée à 19h par une conférence de Didier Roth-Bettoni sur la question du genre dans le cinéma pré-nazi)

Photo Olivier Charneux © Jean-François Paga / Grasset

 

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