Michel Chomarat célèbre Pier Paolo Pasolini à la BM de Lyon

Quarante ans après  l’assassinat de Pier Paolo Pasolini, Michel Chomarat rend hommage à l’un des plus grands écrivains, poètes, et réalisateurs italiens du XXe siècle.

Dans le cadre de l’exposition Pasolini, una vita violenta (dont le titre reprend celui d’un des ouvrages de Pier Paolo Pasolini), le collectionneur et bibliophile Michel Chomarat a privilégié le medium de la photographie pour revenir sur ce personnage énigmatique, toujours en quête de spiritualité. Fils d’un officier fasciste et d’une mère résolument opposée aux idées de son mari, cet auteur inclassable n’a cessé, sa vie durant, de lutter contre le conformisme social et de dénoncer l’acculturation qui en découle.

Pier Paolo Pasolini

Longtemps incompris du grand public, Pasolini réalise en 1968 Théorème, un film qui contribue à élargir sa renommée. Comme un écho nécessaire aux événements de Mai 68, il y remet en cause de nombreuses structures et schémas traditionnels profondément ancrés dans nos sociétés : la famille, la religion ou encore la sexualité. Traitant cette dernière sous toutes les coutures et sans aucune retenue, il est incriminé plusieurs fois pour atteintes aux mœurs. Mais Pasolini ne cesse de défendre sa démarche artistique et explique que, dans ses films, «le rapport érotique est toujours symbolique et jamais réaliste». Lors de sa présentation à Lyon, Théorème est violemment critiqué par Louis Chauvet – journaliste au Figaro – si bien qu’il n’est projeté que dans une seule salle : Le Duo. Par la suite, les critiques cinématographiques seront plutôt bienveillantes et salueront «le film le plus controversé de l’année».

Une figure christique ?

Outre la sexualité souvent crue et lascive qu’expose ses œuvres, l’artiste reste hanté par la violence de son enfance, durant laquelle son père participe au lynchage d’un jeune anarchiste ayant tenté d’assassiner Mussolini. En 1945, il perd brutalement son frère cadet âgé de dix-neuf ans, victime d’un massacre de résistants catholiques par des partisans communistes. Les œuvres de Pier Paolo Pasolini reflètent cette agressivité et cette brutalité qui le poursuivent tout au long de sa vie, jusqu’à la nuit du 1er au 2 novembre 1975, durant laquelle il est tragiquement assassiné par un jeune prostitué sur la plage d’Ostie.

Pier Paolo Pasolini mort

L’exposition qu’accueille la Bibliothèque municipale de Lyon retrace la vie de cet homme engagé à l’aide de photographies prises pendant ses tournages, de portraits et de quelques passages emblématiques de ses films. Les murs rouges et blancs font écho à cette violence indissociable de la vie de l’artiste. Ce dernier y est d’ailleurs audacieusement comparé au Christ – ayant tous deux vécus dans la souffrance, sans jamais renoncer à leur dessein et ce jusqu’à une mort dramatique. Michel Chomarat explique à ce propos que l’exposition a été construite comme un chemin de croix dont les quatorze stations correspondent à quatorze moments-clefs de la vie du cinéaste. Une sorte d’hommage judicieux à celui dont toute l’œuvre est placée sous le double signe du marxisme et du christianisme.

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Pasolini, una vita violenta, jusqu’au 10 août à la Bibliothèque municipale de Lyon, 30 boulevard Marius Vivier Merle-Lyon 3 – www.bm-lyon.fr/Pasolini-una-vita-violenta

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