Pourquoi Catherine Deneuve est-elle une icône LGBT-friendly ?

Soixante ans déjà que Catherine Deneuve règne sur les écrans. Une carrière unique au cours de laquelle elle est devenue une icône gay absolue. Pourquoi ? Quelques éléments de réponse au moment où la star s’apprête à recevoir le Prix Lumière 2016.

Les rôles

Prod DB © FidŽlitŽ Productions / DR 8 FEMMES (HUIT FEMMES) de Franois Ozon 2002 FRA avec Virginie Ledoyen et Catherine Deneuve femme fatale, porte-cigarette, fume-cigarette d'apres la pice de Robert Thomas

Avec quatre rôles de femmes lesbiennes à son actif (Écoute voir, Les Prédateurs, Les Voleurs, Huit femmes), Deneuve est sûrement une des stars les moins farouches quand il s’agit d’aborder l’homosexualité. Et cette liberté est sans doute pour beaucoup dans la fascination qu’elle ne cesse d’exercer sur les homos des deux sexes. D’autant que l’actrice ne s’est pas contentée de vamper Susan Sarandon ou de rouler une pelle fougueuse à Fanny Ardant : elle a aussi goûté à l’amour SM et à la prostitution (Belle de jour), a vu son mari tomber enceint (L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune), a désiré follement son père (Peau d’âne), a eu une mère lesbienne (Belle-maman)… Bref, a adoré transgresser toutes les normes.

Sinon, entre ses rôles de maîtresse-femme (Indochine), de grande amoureuse (Le Dernier Métro), de princesse (Peau d’âne), de reine fofolle s’adonnant à la calligraphie («je fais des séries de P», s’exclame-t-elle dans Palais Royal…), ou de personnage proustien (Le Temps retrouvé), elle ne cesse de se glisser dans tous les recoins de notre imaginaire.

 

Les rencontres

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Ça a commencé avec Jacques Demy, ses Parapluies, ses Demoiselles et sa princesse aux robes couleur du soleil. Ça s’est poursuivi avec André Téchiné et ses passions amoureuses (sept fois). Il y a eu ensuite François Ozon à deux reprises pour des comédies, mais aussi Gaël Morel, Gabriel Aghion, Josée Dayan, Christophe Honoré, Paul Vecchiali ce mois-ci (Le Cancre, en salles le 5 octobre)… Bref, autant dire qu’à peu près tous les cinéastes homos français, quelle que soit leur génération, ont été inspiré-e-s par son talent, son allure, sa légende.

 

La mode

Prod DB © MGM / DR LES PREDATEURS (THE HUNGER) de Tony Scott 1983 USA avec Catherine Deneuve et David Bowie d'aprs le roman de Whitley Strieber

Trente ans durant, elle fut l’incarnation de la femme Saint-Laurent et une proche du couturier. Mais elle fut aussi la femme Courrèges (cf. les robes trapèze et les capelines des Demoiselles de Rochefort). Et une incarnation du chic français. Sans rien renier de son goût pour la mode, cette habituée des défilés se moque gentiment de cette passion en lisant actuellement (dans une série de vingt-deux épisodes de deux minutes diffusés sur Arte depuis le 26 septembre) les tweets hilarants recueillis par Loïc Prigent lors de ces grand-messes.

 

La vie

Prod DB © Five Film/Paris Film / DR BELLE DE JOUR (BELLE DE JOUR) de Luis Bunuel 1966 FRA/ITA avec Catherine Deneuve sous-vetements

Signataire du manifeste pour le droit à l’avortement dans les années 70 et de celui pour la dépénalisation mondiale de l’homosexualité en 2011, Deneuve a toujours milité pour la liberté de chacun-e. Elle qui aime à dire que tous ses amis sont homos a pourtant commis deux faux-pas qui n’ont pas entaché son image : avoir fait interdire, à la fin des années 90, une revue lesbienne canadienne qui avait pris son nom pour titre sans lui demander son autorisation. Et avoir fait à la télé une maladroite déclaration contre le mariage pour tous, alors qu’elle voulait dire en fait qu’elle était contre le mariage en général…

 

Festival Lumière, du 8 au 16 octobre dans la Métropole de Lyon / www.festival-lumiere.org

Disponibles sur Netflix depuis le 15 mai 2020 : Les Demoiselles de Rochefort, Les Parapluies de Cherbourg, Peau d’Ane et L’Évènement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune de Jacques Demy, avec Catherine Deneuve. 

Photo de Une : Les Prédateurs de Tony Scott (1983) © MGM / DR
Photo 1 : 8 femmes de François Ozon (2002) – avec Virginie Ledoyen © Fidélité Productions / DR
Photo 2 : Peau d’âne de Jacques Demy (1970) © Michel Paul Lavoix / Succession Jacques Demy / DR
Photo 3 : Les Prédateurs de Tony Scott (1983) – avec David Bowie © MGM / DR
Photo 4 : Belle de jour de Luis Buñuel (1966) © Five Film / Paris Film / DR

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