Entretien avec François Sagat, invité spécial de la V!

Entretien avec l’ancien acteur X François Sagat à l’occasion de sa venue à la soirée V !.

Avec son immense tatouage noir sur le dessus du crâne, il a été pendant des années l’une des têtes (mais pas queue…) les plus connues du X gay, en France comme aux États-Unis. Désormais rangé du porno mais aussi du cinéma traditionnel dans lequel il a tenté quelques incursions (par exemple avec Homme au bain de Christophe Honoré en 2010), François Sagat a retrouvé ses premières amours, la mode, en lançant sa marque sportswear et underwear, Kick Sagat. Il n’abandonne pas pour autant le milieu gay et a accepté d’être l’égérie de la troisième édition de la V ! (la soirée lancée l’an dernier par La Garçonnière et le sex-shop Le Dogklub), qui quitte pour l’occasion Le Bloc (fermé suite au décès d’un clubber cet été) pour s’installer dans un nouveau club du neuvième arrondissement, L’Usine (ex-Sound Factory).

Dans une interview à Têtu en 2014, vous disiez craindre les grandes soirées gays, par peur des réactions irrespectueuses ou violentes, notamment des plus jeunes clubbers. Pas trop angoissé par la V ! ?

François Sagat : En fait, il y une nuance entre participer à un évènement gay ou en être l’image et arriver dans une soirée à la dernière minute comme un client parmi d’autres, ce qui m’arrive de temps en temps. Plus qu’une nuance même, c’est le grand écart ! Si je suis là pour travailler, la soirée prend une toute autre dimension et je suis présent à 200%, disponible et attendu… Je n’ai peur de rien, soyons clair ! Ou alors de moi-même ! Mais je dois dire que les gens sont souvent adorables. J’ai globalement de bonnes expériences et de bons rapports humains quand je me déplace pour un happening, un show ou autre. L’accueil reste toujours super.

Mais être présent dans une grosse soirée gay en tant que “client” est plus casse-gueule, je l’avoue… Le peu de fois où je sors, je m’arrange pour sélectionner des clubs qui ne soient pas trop grands. Malheureusement, les grandes soirées de type « Circuit Party », ça ne fonctionne pas pour moi… J’ai laissé tomber ces événements, en tout cas en tant que touriste, car ça a été une expérience très désagréable pour moi. Mais j’ai eu 20-25 ans moi aussi et je comprends l’énergie débordante de beaucoup de jeunes gays. C’est légitime et c’est très bien.

En novembre, vous vous demandiez sur votre compte Twitter si vous deviez ou non reprendre votre carrière dans le porno… Est-ce que votre réflexion à ce sujet a avancé depuis ?

François Sagat : Oui, j’y pense de temps en temps, depuis un an environ. Pour être franc, le fait de tourner n’est pas un processus lassant. Au contraire, j’aimais beaucoup être en tournage ; c’est quelque chose que je maîtrise bien et qui me plaît. Le problème, c’est que beaucoup d’éléments qui gravitent autour de cette activité sont très contraignants : les moyens de communication, la promotion, certaines “batailles” entre boîtes de production…

Donc j’avoue que l’idée d’un retour au porno me séduit toujours, mais je redoute les conséquences et c’est pour cela que je reste encore sur ma réserve pour le moment. Et puis, pour être honnête, je n’ai pas envie de traverser l’Atlantique seulement pour deux ou trois scènes alors que je constate qu’il y a plein de choses en Europe… Dans trois ans, je serai quadragénaire et le marché a évolué ces dernières années. Est-ce que les gens ont encore envie de me voir tourner ?

On découvre également, toujours sur votre compte Twitter, que vous êtes très sensible à la question de la protection animale. Y a-t-il d’autres causes qui vous tiennent à cœur ?

François Sagat : Oui, c’est vrai que je suis très sensible à la souffrance animale, très triste de la disparition de certaines espèces, du braconnage, de la maltraitance dans les abattoirs ou dans les élevages… Cela me traumatise. J’aimerais devenir végétarien mais je pense en être loin, même si je fais des efforts en ce sens : je supprime certains aliments et je compense par d’autres. Bien sûr, je me sens également concerné par la lutte contre l’homophobie, le combat pour les droits LGBT, la recherche contre le VIH, pour citer les principales causes qui me sont chères… Ça et lutter contre les intégristes catholiques ou islamistes, ces crétins qui nous pourrissent la vie. Mais je ne sais pas s’il existe des associations pour cela !

Vous avez revu récemment le réalisateur canadien Bruce LaBruce à l’occasion de son passage à Paris. Avez-vous d’autres projets de collaboration ensemble, sept ans après L.A. Zombie (2010) ? Allez-vous tourner à nouveau dans des films non-X ?

François Sagat : On s’est croisés, oui, et on a réussi à échanger deux ou trois mots dans le bruit d’un night club… Mais ce n’est pas simple d’avoir une conversation approfondie en club ! Quoiqu’il en soit, c’est toujours une personne très agréable et fascinante. Nous n’avons aucun projet concret commun pour le moment, mais il m’a dit qu’il aimerait travailler à nouveau avec moi et c’est un désir partagé. Seul l’avenir nous dira si cela se fera. Que ce soit un projet porno ou non, je serai partant : travailler avec Bruce LaBruce, ça reste une expérience exceptionnelle.

 

V ! avec François Sagat, samedi 28 janvier à L’Usine, 73 rue du Bourbonnais-Lyon 9 / 07.64.09.28.54 / www.lagarconniereparty.com

 

Photo de Une © TitanMen
Photo 2 © Exterface

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