cinéma gay

Mais au fait, c’est quoi au juste, le cinéma gay ?

Trois films sortis en ce début d’année nous aident à répondre à cette question : c’est quoi, le cinéma gay ? Deux catégories de films se distinguent…

La question se pose, se repose, se re-repose sans cesse, des années que ça dure : ça existe, le cinéma gay ? C’est quoi, le cinéma gay (ou LGBT, ne soyons pas sectaires, ou queer, soyons modernes, mais en gros, dans cette affaire, c’est kif-kif) ? Alors oui, oui bien sûr, ça existe, le cinéma gay (ou LGBT, ou queer), ça existe tellement que ça ne saurait se définir d’une seule façon. Deux formes coexistent, qui répondent à deux projets et donnent des objets filmiques très dissemblables, mais qui se rejoignent dans cette volonté de donner aux gays (ou LGBT, ou queers) des images d’eux faites par eux.

À ma droite, un cinéma narratif assez classique dans son déroulé, parfois à base de comédie, parfois sur fond dramatique, avec pour enjeu de raconter au plus près la vie gay : coming-out, premier amour, etc. Tu m’as tellement manqué, joli film américain dans lequel un ado subit une thérapie de conversion pour tenter de le «guérir» de son homosexualité, correspond bien à ces films illustratifs et bienveillants, dans lesquels les spectateurs se trouvent des modèles.

Prise de risques

À ma gauche, c’est un cinéma bien moins formaté qui se déploie, un cinéma plus audacieux esthétiquement, plus dérangeant, plus déroutant, où il ne s’agit pas de proposer des modèles positifs mais de donner corps à des identités multiples et singulières. Deux OVNI de ce début d’année l’affirment avec force.

D’un côté, Where Horses Go To Die, étrange flânerie signée du Franco-Britannique Antony Hickling (dont on a pu voir le triptyque Little Gay Boy en décembre 2013 lors de la deuxième édition du festival Only Porn organisé par le Lavoir public à Lyon) ; de l’autre, Brothers Of The Night, stupéfiant «documentaire» du Franco-Autrichien Patric Chiha (à qui on doit une comédie réussie sortie en 2014, Boys like us). Chez Hickling, un peintre se retrouve au centre d’un ballet transgenre, où se croisent prostituées, travestis et miliciens, le récit se trouant de fulgurances oniriques ou comiques sur lesquelles planent les fantômes de Derek Jarman ou de Kenneth Anger.

Chez Chiha, la caméra laisse la parole à des tapins bulgares de Vienne, dont les mots (mensonges et vérités) comme les gestes (hétérosexualité sur-jouée et homosexualité sous-jacente) s’exhibent dans des séquences où rôdent Anger (encore lui) ou Fassbinder. Chiha et Hickling signent de drôles de films, beaux et fous, bizarres et intenses, libres et libérateurs. Des films queer. LGBT. Gay.

 

Tu m’as tellement manqué de Kerstin Karlhuber. En DVD chez Optimale
Where Horses Go To Die de Antony Hickling. En salles depuis le 18 janvier
Brothers of the night de Patric Chiha. Sortie le 8 février

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