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La relation femme-gay réinventée à travers trois œuvres

La relation entre une femme et un gay est l’une des plus stéréotypé. Voici trois œuvres qui s’attaquent à détricoter, chambouler et bouleverser les idées reçues.

Allons-y pour les clichés ! Assumons les clichés ! Ils ont leur véracité, leur part de vérité, ils disent des choses dans leur facilité. Les gays et leurs mères, les gays et les icônes féminines, les gays et leurs meilleures copines… Combien d’histoires basées sur cela, sur ces relations intenses, fascinées, sur ces dévotions, ces amitiés amoureuses ? On pourrait croire qu’on en a fait le tour, que tout en a été dit, écrit, montré. Et puis non, et en voilà les preuves, trois d’un coup, qui renouvellent, qui bousculent, qui revisitent ces clichés vus et relus.

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Prenons Abdellah Taïa pour commencer, et la cruauté qui sourd du lien entre un fils et sa mère dans le Maroc où démarre Celui qui est digne d’être aimé, son dernier roman. L’amour y a la forme de la haine, et ce récit en flashbacks est comme un règlement de comptes envers une génitrice castratrice. La construction d’Ahmed (sexuelle, amoureuse, d’adulte) se fait contre cette femme, cette mère honnie.

Prenons David Lelait-Helo ensuite, dont le drôle de roman autobiographique est comme le négatif du précédent. À l’exercice de détestation de Taïa répond un exercice d’admiration pour une mère de substitution, une idole improbable, une chanteuse grecque connues aux quatre coins du monde dont un gamin des bords de Loire fait l’objectif de sa vie : devenir elle, littéralement d’abord, symboliquement ensuite. Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri est un texte aussi savoureux qu’impitoyable, aussi rêveur que violemment lucide, qui raconte le rôle d’une femme-fantasme (aimée, admirée, rejetée aussi parfois) dans l’accomplissement d’un destin homosexué.

 

Prenons l’Italien Ivan Cotroneo enfin, dont One Kiss (voir aussi page 12) pourrait être un de ces films anodins sur le coming out ado, et qui se révèle, entre légèreté et drame à venir, bien plus original. Cela vaut d’abord dans sa peinture de l’amitié entre un jeune homo gentiment provocateur et Blu, une jolie rebelle qui l’épaule dans son cheminement vers lui-même. Blu est une FAP comme on dit, une fille à pédés sans nul doute, mais elle ne saurait se limiter à cela, et c’est l’intelligence de ce film que de lui donner un autre rôle, celui d’une âme sœur, celui d’une accompagnatrice, celui d’un double attachant et indispensable au héros dans sa tentative pour devenir ce qu’il est.

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Celui qui est digne d’être aimé d’Abdellah Taïa (éditions du Seuil)
Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri de David Lelait-Helo (éditions Anne Carrière)
One Kiss de Ivan Cotroneo. Sortie en salles mercredi 26 avril

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