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“Honneur à notre élue” de Marie NDiaye : comme un écho de la présidentielle

Alors que la course à la présidentielle bat son plein, le Théâtre des Célestins propose une pièce de Marie NDiaye, Honneur à notre élue.

Cette pièce explore les rouages d’une campagne électorale municipale dans une ville portuaire du Nord de la France et qui tente de mettre au jour la mécanique du pouvoir. Comme dans le roman qui lui a valu de remporter le prix Goncourt en 2009, Trois femmes puissantes, Marie NDiaye offre le rôle principal de Honneur à notre élue à un personnage féminin, femme politique à la tête de sa ville depuis plusieurs années et qui jouit d’une réputation sans tache, aussi bien auprès de ses administrés que de ses opposants. Mais alors qu’une nouvelle campagne électorale débute, la maire sortante doit faire face à la corruption et à la trahison de ses proches et aux rumeurs lancées sur son compte par le camp adverse.

Parasitage de l’actualité

Si ce texte est l’occasion pour Marie NDiaye de scruter les ressorts du pouvoir politique et de sonder les personnalités de celles et ceux qui le recherchent, il prend une teinte toute particulière à la lumière des événements actuels qui entourent la campagne présidentielle. L’impunité dont semblent convaincus de jouir les politiques, la rumeur dévastatrice et les moyens d’y répondre, l’abnégation et l’orgueil des personnages, tout entre en résonnance avec les scandales à répétition de l’affaire Fillon qui a dominé les premiers mois de la course à la présidentielle.

Loin de céder à la tentation du «tous pourris», NDiaye cherche à comprendre comment la quête du pouvoir influe sur l’individu, comment on fait face à la calomnie et pourquoi la trahison et la corruption semblent s’inscrire si naturellement dans le paysage politique. Prenant la forme d’un conte plus que d’un texte réaliste, la pièce cherche à analyser le rapport que les électeurs et les électrices entretiennent avec le personnel politique. Il y a fort à parier néanmoins que l’actualité entre en collision avec le projet premier de l’auteure et vienne polluer, dans l’esprit de spectateurs et spectatrices, la démarche de Marie NDiaye. À moins que la force du texte et de sa mise en scène ne permette d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion.

 

Honneur à notre élue, du 11 au 20 avril au Théâtre des Célestins, 4 rue Charles Dullin-Lyon 2 / 04.72.77.40.00 / www.celestins-lyon.org

 

Photo © Giovanni Cittadini Cesi

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