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Intérieur Queer, un festival pour faire de Lyon une capitale queer

Après une première édition 2016 en guise de rodage, le collectif Plus Belle La Nuit propose une nouvelle version du festival Intérieur Queer, enrichie de nombreux partenariats, avec l’objectif affiché de faire de Lyon une capitale queer.

Lyon, capitale des Gaules, même pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de l’ablatif absolu, ça fait sens. En revanche, Lyon, capitale queer, même les forts en thème en perdent leur latin. C’est pourtant l’objectif que s’est fixé le collectif Plus Belle La Nuit avec le festival Intérieur Queer.

Fort du constat que, durant les quinze dernières années, le milieu queer et LGBT lyonnais a connu de profondes mutations, Plus Belle La Nuit fait le pari de doter la ville d’un événement mêlant fête et réflexion autour des questions de genres et d’identités sexuelles, en collaboration avec Culture Next (qui gère Le Sucre) et Le Transbordeur. L’an passé, la première édition du festival a permis au collectif de prendre ses marques, mais c’est véritablement cette année que l’événement prend de l’ampleur.

Ainsi, pendant cinq jours, ce ne sont pas moins de quinze lieux qui vont être investis par une cinquantaine d’artistes et d’intervenants. Pour Chantal La Nuit, figure emblématique du collectif, ce festival est né de la volonté de rassembler dans leur diversité les cultures queer à Lyon. En effet, avec sa visibilité LGBT, ses squats, ses penseuses et penseurs, ses collectifs (comme Bonnie and Clit) ou ses lieux alternatifs (Les Feuillants, par exemple), le territoire local lui semble un terrain propice à l’émergence d’une telle manifestation.

Plus Belle La Nuit, la bien-nommée

S’il y a un domaine dans lequel le collectif Plus Belle La Nuit a fait ses preuves, c’est celui de la fête. Le chemin parcouru est long, des Bunny Slut Club au Métal Café jusqu’aux Garçon Sauvage au Sucre en passant par les premières éditions au Sonic. Ce n’est donc pas une surprise qu’Intérieur Queer soit rythmé, cette année encore, par de nombreuses soirées, à commencer par celle d’ouverture, au Sucre, jeudi 13 juillet, au cours de laquelle se succéderont aux platines des Dj’s tels que Rag du collectif Barbi(e)turix (Paris), Crame et Reno de la House of Moda (Paris) ou encore Sylvain Les Mains Rouges, le local de l’étape. Vendredi 14 juillet, à partir de midi et jusqu’au petit matin, un circuit sera proposé dans douze lieux partenaires, sur le modèle de la Nuit 2 des Nuits Sonores.

Ce sera l’occasion notamment pour Plus Belle La Nuit de ressortir son concept Kinky France, qui ambitionne de se réapproprier les symboles de la culture française et de les confronter à la musique électro, pour que ce débat sur l’identité nationale aux rythmes des mix de Bolito, de Plaisir de France et de The Man Inside Corinne ne reste pas l’apanage de Nadine Morano.

Une GS au Transbo

Enfin, samedi 15 juillet, le collectif investira Le Transbordeur pour une Garçon Sauvage XXL où la faune bigarrée et la population interlope qui ont fait le succès de ces soirées récurrentes ne devraient pas manquer de se donner rendez-vous. Tout autant que du côté des perruques, l’éclectisme sera de mise du côté de la programmation musicale. Yuksek proposera ainsi un mix, tout comme L’homme seul ou encore Il Est Vilaine (voir encadré ci-contre). Les Danois de First Hate gratifieront quant à eux la foule harnachée de cuir et juchée sur talons aiguilles d’un live aux accents new wave, alors que le Grolektif et sa fanfare de bal devraient saisir de stupéfaction les visages pailletés les moins farouches.

Le jour, pas moins beau

Après avoir épuisé leur corps durant les activités nocturnes, les infatigables et insatiables festivaliers pourront également nourrir leur esprit durant les activités diurnes. Ainsi, le Sofffa accueillera pendant les cinq jours du festival une exposition des photos des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence prises par Jean-Baptiste Carhaix. Le dimanche en fin de journée, une séance de ciné queer au Sucre mettra à l’honneur Bruce LaBruce et son Hustler White et la jeune réalisatrice lyonnaise Julia Chapot et son Video Killed the Radio Star.

Grande nouveauté de cette deuxième édition d’Intérieur Queer, un Café Queer prendra place les après-midi du vendredi et du samedi dans le nouveau restaurant À la piscine, au bord du Rhône. Pensées comme une agora ouverte à l’ensemble des acteurs culturels et associatifs de la scène LGBT lyonnaise, ces rencontres-débats avec le public, gratuites et agrémentées d’un buffet,  seront l’occasion de dresser un panorama des actions menées sur le territoire mais également  de se rassembler et de lutter contre les divisions internes qui peuvent exister entre les différents groupes de la communauté. L’équipe d’Hétéroclite sera d’ailleurs présente lors du Café Queer du 14 juillet.

Si cette initiative permet de donner de la visibilité aux petites mains qui font la vie LGBT et queer lyonnaise au quotidien, elle reste cependant fragile. Comme le souligne Chantal La Nuit, les universitaires et les artistes sont peu disponibles en cette période de l’année et la partie réflexive d’Intérieur Queer reste encore à développer lors des prochaines éditions pour lui donner toute l’ampleur qu’elle mérite.

Des événements gratuits comme payants

Enfin, l’organisation d’un tel événement ne va pas sans faire grincer quelques dents, ici ou là. Il est ainsi reproché à Plus Belle La Nuit de confisquer la réflexion queer : c’est cependant oublier que tout le monde sans distinction a été convié à prendre part aux Cafés Queer et que chacun-e sera libre d’intervenir lors de leur tenue. Se pose également la question des tarifs : le prix d’entrée de la Garçon Sauvage XXL (25€80) peut en rebuter plus d’un-e. On notera toutefois que les animations en journée et sept des douze étapes du circuit du vendredi sont, quant à elles, gratuites. Au final, cette deuxième édition d’Intérieur Queer, bien que perfectible, fait l’effort de s’ouvrir au plus grand nombre : aux participant-es et aux membres de la communauté LGBT et queer de se saisir de cette occasion pour donner de nouvelles inflexions au projet.

 

Photos © Marie Rouge

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