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L’oeuvre ô combien gay de Didier Blasco éditée en DVD

L’intégrale de l’œuvre du cinéaste Didier Blasco, soit onze courts-métrages, vient d’être éditée en DVD chez L’Harmattan.

didier blasco l'intégrale des courts-métragesIl faut moins de trois heures pour visionner l’œuvre intégrale de Didier Blasco, en tout cas ses films. Car le bougre est aussi musicien (avec son groupe Les Dupont), ce qui lui permet de malaxer musique électronique et images expérimentales, comme il l’a fait parfois avec des images des films de Derek Jarman. Son cinéma est plus classique, en tout cas dans la forme, tout en allant explorer, entre gravité et humour, des zones peu fréquentées. Le cinéma de Blasco, ce sont onze courts-métrages tournés entre 1995 et 2010 et réunis dans un très éclairant coffret de deux DVD. Et parmi ces onze, neuf gravitent autour du désir homosexuel ou de la transgression des genres, parcourant un spectre large allant d’un gamin préférant poupées et poussettes aux ballons et bagnoles (Un sacrifice) jusqu’au drôle de stratagème d’un vieux couple pour échapper à la canicule (Aux folles les pompiers !).

Avec l’air de ne pas y toucher

Dans cet intervalle se situent les plus intéressantes et originales réussites du cinéaste, Un arrangement, Pain au chocolat et Toiletzone. Dans le premier, un père et son fils se croisent sur un lieu de drague ; dans le deuxième, une viennoiserie devient l’outil original d’un coming out professionnel, tandis que dans le troisième, des employés de toilettes publiques doivent attirer les gays pour sauver leur emploi…

On voit bien, à ces résumés, que Blasco, avec son air de ne pas y toucher, n’aime rien tant que s’aventurer là où c’est a priori inconfortable, là où le sexe gay ne va pas de soi : la famille, le travail… Le format court rend ces situations percutantes, porteuses d’interrogations sans que le réalisateur n’en rajoute. C’est bien cette légèreté, ce sens du twist, qui en fait le prix. On croit souvent que la carrière d’un réalisateur, après avoir fait ses armes sur quelques courts, c’est de passer au long-métrage. Didier Blasco n’a jamais franchi ce pas – peut-être cela viendra-t-il, peut-être pas. Qu’importe. Tel quel, et ces DVD où on peut s’enquiller tous ses films en sont la preuve, il a construit une œuvre cohérente, une œuvre brève qu’on ne saurait réduire à l’homosexualité qu’elle explore, mais une œuvre gay, ô combien, néanmoins.

 

L’Intégrale des courts-métrages de Didier Blasco (en DVD chez L’Harmattan)

 

Photo : Toiletzone (2009)

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