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À la recherche du Saint-Étienne alternatif et queer

Ville ouvrière et rebelle, Saint-Étienne abrite de nombreuses initiatives alternatives, queers et féministes, qui cherchent à s’affranchir de toutes les formes d’oppression : homophobie, transphobie, sexisme, racisme…

Célèbre pour son passé minier et ouvrier, Saint-Étienne est depuis longtemps une ville très marquée par les luttes sociales. C’est peut-être en raison de cette histoire glorieuse qu’on y trouve, aujourd’hui encore, un riche tissu alternatif libertaire, autogéré et parfois même queer et/ou féministe. Ainsi, en marge des quelques établissements gays commerciaux (le Zanzy Bar, les saunas Double Side et Le Fauriat) et du festival annuel de cinéma LGBT Face à Face, on voit fleurir des initiatives militantes et/ou festives, comme le Queer Tea Time. Ce nouveau rendez-vous gratuit, dont la première édition s’est tenue le 10 octobre, consiste en des sessions de danse collective «entre trans’, pédés, gouines, intersexes, genderfreaks, meufs et autres fabuleuses créatures», chaque deuxième mardi du mois de 17h à 21h à La Gueule noire.

Ce centre social autogéré accueille également, le jeudi de 17h30 à 19h, des stages d’autodéfense féministes pour «meufs, gouines et trans» qui permettent de pratiquer les arts martiaux. On a pu aussi, par le passé, y participer à des ateliers de connaissance du corps féminin joliment nommés Do (Cl)it Yourself et animés par «Zaza». À ses yeux, le fait que ces ateliers aient pu se tenir dans un lieu libertaire qui n’est pas spécifiquement queer et accueille bien d’autres activités sans lien avec les thématiques homosexuelles, trans ou féministes montre qu’«à Saint-Étienne, les milieux alternatifs se rencontrent assez facilement».

Des fêtes conçues comme des “utopies créatives”… et safes

C’est ce qu’ils font aussi lors des soirées Charbon Paillettes, dont la quatrième édition aura lieu le 2 décembre au Clapier. La ligne politique de ces événements festifs queers initiés par l’association Démineurs ? Pas de comportements oppressifs mais au contraire «un espace safe pour célébrer la diversité de nos identités, de nos histoires, de nos corps» ou encore «une utopie créative pour bousculer les normes et se réinventer» explique Lucie Demange, l’une des organisatrices. Pour danser et faire la fête, les LGBT stéphanois-es peuvent aussi compter désormais sur les soirées house Joli mélange, lancées le 20 octobre au F2.

Des rendez-vous mensuels pour les personnes trans

Il n’y a pourtant pas que la fête dans la vie : côté militantisme, Saint-Étienne bouge aussi. En témoignent les permanences trans accueillies chaque troisième mercredi du mois depuis la rentrée par le Planning familial de la Loire. En septembre, le premier de ces nouveaux rendez-vous organisés par et pour des trans a réuni seize personnes. À l’origine de cette initiative, on trouve Olivia Gerstmans Hardy, qui est membre à la fois de Démineurs et de l’association trans lyonnaise Chrysalide. «Je me suis rendue aux groupes d’échange et de dialogue (GED) de Chrysalide à Lyon tous les mois pendant plus d’un an. C’est là que j’ai compris l’importance de ces espaces bienveillants, mais aussi de la transmission d’un savoir et d’une expérience communautaires», explique-t-elle.

Le choix du lieu d’accueil n’est pas anodin : «mobiliser le Planning familial est essentiel. Peu de médecins sont réellement formés sur ces questions, alors qu’ils pourraient lancer des traitements hormonaux, rappeler aux personnes trans leur droit de choisir leur médecin, leur parcours».

À terme, poursuit-elle, «j’aimerais qu’une association trans émerge à Saint-Étienne. C’est vrai que nous ne sommes pas dans une ville de la taille de Lyon, mais même si la transidentité ne concerne que 1 ou 2% des gens, cela fait du monde, sur une population de 170 000 habitants. Je pense que les associations dites LGBTI ne se préoccupent pas assez de ces thématiques et c’est pour cela que des structures spécifiques sont nécessaires». Avec ou sans elle ? «Je ne sais pas encore. Je me réserve le droit, à l’avenir, de laisser de côté le militantisme pour pouvoir vivre. J’ai déjà porté beaucoup de choses» conclut-elle, rappelant combien l’engagement associatif est une tâche épuisante et prenante.

 

Adresses

La Gueule noire, 16 rue du Mont
Le Clapier, 2 boulevard Pierre Mendès-France
Le F2, 2 rue de la Ville
Le Planning familial, 16 rue Polignais

 

Photos prises lors d’une soirée Charbon Paillettes © Timepok Photos

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