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“Seule la terre”, un magnifique Brokeback Moutain rural

Situé dans la campagne anglaise, le film Seule la terre dépeint la rencontre entre un jeune exploitant agricole et un saisonnier roumain.

Sur les collines à la fois désolées et magnifiques du West Yorkshire, dans le nord de l’Angleterre, Johnny, le héros de Seule la terre, essaye tant bien que mal de maintenir à flot la ferme familiale, avec pour seule compagnie son père handicapé à la suite d’un AVC et sa grand-mère. Ses soirées sont consacrées à des beuveries solitaires au pub du coin et à des baises brutales et sans lendemain avec des inconnus. Mais Gheorghe, un travailleur roumain venu en renfort pour la saison des agnelages, s’apprête à bouleverser sa vie…

Une connaissance intime de la ruralité anglaise

seule la terre god own's country francis leePour son premier long-métrage, le réalisateur anglais Francis Lee s’est largement inspiré de sa propre histoire: comme son héros, lui aussi a grandi dans une exploitation agricole et le film a d’ailleurs été tourné dans sa région natale, là où son propre père pratiquait l’élevage. Cette connaissance intime de son sujet est pour beaucoup dans la réussite de Seule la terre, qui est autant un film gay qu’un film sur la condition paysanne et qui évoque aussi bien Le Secret de Brokeback Moutain d’Ang Lee (2005) pour la rudesse de ses personnages (et pour les moutons !) que les documentaires de Raymond Depardon ou un autre chef-d’œuvre de simplicité du cinéma gay britannique, Weekend d’Andrew Haigh (2011).

À l’heure du Brexit, Seule la terre parle aussi sans pathos ni caricature de la xénophobie ordinaire au Royaume-Uni comme de l’abandon des communautés rurales qui périclitent. Dans sa dernière partie, la beauté sauvage des paysages, l’usage parcimonieux mais toujours très sûr de la bande-son (notamment de trois morceaux du duo d’ambient music A Winged Victory for the Sullen), l’évocation de la relation entre Johnny et son père malade et ses retrouvailles avec Gheorghe contribuent à nouer la gorge du spectateur. Et lorsque le générique de fin déroule des archives filmées de la vie paysanne anglaise au XXème siècle, on comprend que Seule la terre est aussi une manière, pour l’enfant du pays, de rendre un hommage empreint de nostalgie à son milieu d’origine et à un monde en voie de disparition.

 

Seule la terre de Francis Lee, avec Josh O’Connor, Alec Secareanu…

Sortie en salle mercredi 6 décembre

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