bruce labruce

Le festival Écrans Mixtes invite Bruce LaBruce

Pour sa huitième édition, le festival Écrans Mixtes invite le cinéaste canadien Bruce LaBruce et projette trois de ses films (ainsi qu’un documentaire qui lui est largement consacré) en sa présence.

Si on s’en tient aux apparences de Gerontophilia (l’un de ses derniers films, sorti en 2013), on se dit que le trublion Bruce LaBruce s’est bien assagi depuis ses débuts et ses incursions aux marges du porno. Oui, mais voilà, avec l’auteur de Hustler White ou de L.A. Zombie, les choses ne peuvent pas être si simples : sous des allures de comédie romantique, Gerontophilia ne fait que poursuivre le dynamitage entamé il y a vingt-cinq ans par le cinéaste canadien.

Car depuis No Skin Off My Ass (1991), Bruce LaBruce travaille toujours le même motif, sous des formes différentes : la transgression des normes sexuelles (et donc, dans son esprit, des normes sociales) et, plus encore peut-être, le fétichisme – ou plutôt les fétichismes, tant il s’agit-là, devant la caméra de l’ami Bruce, d’un continent quasi-infini.

bruce labruce pig

Dans Gerontophilia, un jeune homme à la beauté radieuse découvre son attirance pour les vieillards et passe tendrement à l’acte avec un homme dont l’âge est le palindrome du sien (il a dix-huit ans, son amant quatre-vingt-un…). Mais avant d’arriver à ce film, LaBruce aura exploré à peu près toute la gamme des possibles fantasmatiques, de la fascination pour les skinheads aux orgies entre zombies, du gang bang à la prostitution en passant par le arm-fucking, en trouvant à chaque fois une approche cinématographique spécifique pour y parvenir.

Dynamitage des genres cinématographiques

Ici, il détourne Fellini pour une variation très sexuée de Huit et demi (Super 8 ½), là il réinvente à la sauce pédé le film gore (Otto, Or Up With Dead People), ailleurs il investit le film militant gauchiste (The Raspberry Reich) et s’attaque de front au porno en le privant de l’essentiel de ses scènes de cul (Skin Flick) avant de tout re-malaxer (Skin Gang). C’est le même traitement de choc qu’il fait subir dans Gerontophilia à la romance traditionnelle – qu’il avait déjà peu ou prou expérimenté dès sa première réalisation, dans lequel il jouait un coiffeur un peu folle tombant amoureux d’un joli skin solitaire…

bruce labruce

On l’aura compris, dans cette œuvre à la mise en scène très léchée (une maîtrise qui tranche avec nombre des productions antérieures du cinéaste, et qui vient aussi de moyens plus importants), LaBruce continue à faire ce qu’il a toujours fait et qu’il fait à merveille : contester les limites trop souvent assignées au désir, en faisant de  l’homosexualité (au sens très, très large du terme) une arme de transgression massive !

 

 

Invitation à Bruce LaBruce, en sa présence :

Au Comœdia, 13 avenue Berthelot-Lyon 7 :
The Misandrists de Bruce LaBruce, vendredi 9 mars à 18h30
Queercore : How To Punk A Revolution de Yony Leyser (documentaire sur le mouvement queercore initié par Bruce LaBruce), samedi 10 mars à 19h
Super 8 ½ de Bruce LaBruce, samedi 10 mars à 21h15

Au Lavoir public, 4 impasse de Flesselles-Lyon 1 :
– Po(rn)chette Surprise (projection d’un film-mystère de Bruce LaBruce interdit aux mineurs), dimanche 11 mars à 17h30

Festival Écrans Mixtes, du 7 au 15 mars à Lyon / www.festival-em.org

 

Super 8 1/2, Hustler White, No Skin Off My Ass et Gerontophilia sont disponibles en VOD sur la page Vimeo d’Épicentre Films.

Queercore, quand les gays embrassent le punk de Yony Leyser, disponible en replay jusqu’au 15 avril 2021 sur le site d’Arte

2 commentaires

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.