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Sur Arte, la série “Fiertés” revient sur le chemin parcouru

C’est si beau ce mot, ce mot unique, ce mot simple et pluriel, qui sert de titre. C’est si fort. Si intense. Cela renvoie à tant de choses, cela dit tellement le chemin parcouru. Ce mot donc, ce titre, en prime time sur Arte, Fiertés, ce n’est pas rien. Fiertés. Ce mot que l’on s’est heureusement approprié, de Gay Pride en Marche des Fiertés LGBT, pour faire la nique à cette honte à laquelle on nous avait depuis si longtemps assigné·es.

Fiertés, mini-série en trois épisodes de Philippe Faucon, raconte cela, un bout de cela qui court de 1981 à 2013, de la dépénalisation de l’homosexualité au mariage pour tous. C’est un récit de groupe, de communauté, et c’est un récit d’individus, de quelques-uns dans ce groupe, de deux principalement. Car si c’est une histoire politique, c’est aussi une histoire d’amour entre Victor, 18 ans lorsqu’on le rencontre, et Serge, qui vient de les avoir deux fois…

Philippe Faucon – le réalisateur de Muriel fait le désespoir de ses parents (ce beau portrait d’une jeune lesbienne), de Fatima (César du meilleur film il y a deux ans), des Étrangers (ce puissant téléfilm sur un jeune gay arabe devenu casque bleu) et de tant d’autres films – a ce talent inouï, toujours, de se situer à la bonne distance pour raconter ses histoires, cet endroit où l’intime se dévoile sans s’exposer, où l’individu participe, sans discours, sans en faire un étendard, à la geste collective.

Entre courage et combats, Fiertés permet de retrouver un peu de soi

En trois épisodes, Fiertés décline avec finesse le courage de ses personnages – le courage de s’affirmer face aux réticences, aux incompréhensions, aux hostilités, face aux proches comme à la société – et le combat, les combats plutôt, qui sous-tendent, qui portent au fil du temps ce courage et cette affirmation. Fiertés – on ne se lasse pas de répéter ce mot – joue de ce double mouvement, de l’intrication permanente, fondamentale, de ces deux dimensions.

C’est très doux et violent ce que l’on voit, parce que ces trente et quelques années ne furent pas un tapis de roses. Mais c’est exaltant, cette sensation de se dire que c’est un peu de soi que l’on aperçoit sur l’écran, là, ou là, ou là. Que cette histoire, c’est nous qui l’avons écrite. Que ce changement de regard (le nôtre et celui des autres) sur nous, c’est nous qui l’avons imposé. Fiertés, avec sa force romanesque, nous le rappelle.

 

Fiertés de Philippe Faucon

Diffusion des trois épisodes jeudi 3 mai de 20h55 à 23h25 sur Arte

En DVD chez Pyramide Vidéo / Arte Éditions

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