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Les soleils de Niviaq Korneliussen, Marc Kiska et Christophe Honoré

Soleils brillants de la jeunesse. C’est le beau titre d’un vieux roman anglais, splendide roman d’initiation très gay paru en 1945. Cela pourrait être celui d’Homo sapienne, sidérant premier roman queer venu du Groenland, qui révèle une voix, celle de la jeune Niviaq Korneliussen, et surtout un état de la jeunesse dans cette île à la fois immense et si réduite avec sa capitale, Nuuk, et ses 17 000 habitants.

C’est là, dans cette petite grande ville, que Korneliussen fait s’entrecroiser cinq destins, cinq désirs, cinq tentatives de vivre sa vie débarrassée des tabous encombrants d’une société encore rurale, machiste et traditionaliste. Or les personnages d’Homo sapienne sont modernes, lesbiens, homos, bi, trans, et ils s’en débrouillent tant bien que mal dans ce récit choral peuplé de fulgurances, de beautés amoureuses et de douleurs, aussi. Car on se brûle à ces soleils brillants de la jeunesse.

Comme s’y brûlent les héros d’un autre premier roman au style à la fois cru et poétique, couronné du Prix du roman gay, ces Vestiges d’AliceMarc Kiska saisit le moment de la perte de l’innocence, la lutte au corps à corps d’un groupe de jeunes homosexuels contre les interdits sociaux.

C’est à un autre soleil, un soleil noir, que se brûle Arthur (Vincent Lacoste), le héros du très autobiographique Plaire, aimer et courir vite, le dernier film de Christophe Honoré. Le soleil noir de l’amour au temps du sida, ces années 1990 qui emportèrent tant d’espoirs, tant d’amants, tant de jeunesse. À travers Arthur, Honoré ne recrée pas ces années-là à la manière politique et collective de 120 battements par minute. Il le fait au singulier, au plus près de son propre intime, au plus près de l’intime de ses héros, et peut-être surtout au plus près de l’intime de ses spectateurs et spectatrices, de toutes celles et tous ceux qui ont traversé cette période, les faisant se brûler, à nouveau, aux brillants soleils de leur jeunesse.

 

Homo sapienne de Niviaq Korneliussen (éditions La Peuplade)

Les Vestiges d’Alice de Marc Kiska (éditions Tabou)

Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré, avec Pierre Deladonchamps, Vincent Lacoste…

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