Fête © Sarah Fouassier

Édito #136 : Une fête qui nous ressemble ?

L’été 2018 n’a pas été avare en manifestations LGBTphobes. Du meurtre de la prostituée trans Vanessa Campos aux propos polémiques du Pape sur la psychiatrisation de l’homosexualité en passant par l’homéopathie comme thérapie de conversion, la haine et l’ignorance ont su se rappeler à nous de manière cruelle et régulière.

Dans ce contexte, il est nécessaire de continuer à mettre en lumière les initiatives associatives, militantes et artistiques LGBT, queer et féministes qui œuvrent sans relâche pour l’égalité des droits et l’acceptation des différences. C’est ce que fait Hétéroclite, à son échelle, depuis sa création en 2006. Et c’est la ligne qu’a tenue Romain Vallet pendant huit années en tant que rédacteur en chef du magazine. S’il part aujourd’hui s’épanouir professionnellement vers de nouveaux horizons, les bases qu’il a consolidées nous serviront d’étrier pour nous atteler à la tâche qui nous incombe désormais.  

 

Une fête qui nous rassemble ?

Et puisque la rentrée est propice aux changements, pourquoi ne pas profiter de l’expérience des vacances pour émettre des souhaits ou formuler quelques hypothèses quant à la tournure que les luttes contre les discriminations pourraient prendre dans les mois à venir ? En effet, au cœur de l’été, un séjour à Marseille nous a permis de nous confronter à nos propres préjugés – nul n’en est exempt. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que les nuits de la cité phocéenne étaient si diverses. Dans les bars et les boîtes, non étiquetées LGBT – les établissements qui arborent le rainbow flag y sont rares – c’est à une population d’origines sociales et ethniques, et d’orientations sexuelles et d’identités de genre variées à laquelle nous avons été confronté.

Il ne s’agit évidemment pas d’en tirer des conclusions hâtives et d’ériger Marseille en modèle. La haine et l’ignorance y sont aussi présentes. Mais les nuits lyonnaises, grenobloises ou stéphanoises nous ont paru bien blanches et uniformes en comparaison. Or, il est indéniable que la ségrégation des lieux de fête, qu’elle soit consciente ou non, est un facteur qui nuit au vivre ensemble. Puisque nos communautés ne cessent à juste titre d’appeler à une attitude plus inclusive, il serait sans doute temps que cela commence à se voir plus sur nos dancefloors, à nos terrasses et dans nos conseils d’administration.

 

© Sarah Fouassier

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