Classes X -H140

Classés X – Épisode 4

Ou comment faire des rencontres quand on est agent spécial.

Retrouvez tous les mois un épisode de Classés X, notre feuilleton de SF queer, créé par Élise Bonnard et illustré par Cyril Vieira Da Silva. 

 

Dans le bureau au sous-sol, l’obscurité fut soudaine. 

L’agent Xana cligna des yeux instinctivement, avança, fit tomber une pile de dossiers avec le coude, leva les mains pour se protéger. Trop tard. L’angle du bureau dans la rotule gauche. Merde ! Xana jura en se frottant le genou. À la première seconde de la coupure de courant, elle avait ressenti de la peur (elle n’avait pas son arme sur elle), mais la douleur avait réveillé son cerveau de scientifique : pas de panique, attendre que la rétine reçoive des signaux lumineux, attendre qu’elle les convertisse en stimuli électriques, que l’acuité visuelle revienne. 

Xana suspendit ses mouvements. En position flamand rose, elle attendit que ses yeux s’habituent à l’obscurité. Ce moment dura à peine quelques secondes. Pourtant, un événement inattendu intensifia la chose. 

L’événement est une main. Une main qui frôle son genou. Très légèrement. 

Elle sentit les doigts de l’autre à travers le tissu du pantalon. Elle sut tout de suite à qui appartenait la main. Elle en était sûre car elle venait de la serrer. Elle pensa : comment a-t-elle su que je m’étais fait mal précisément là ? Est-elle un animal nocturne ? Voit-elle dans le noir ? Elle essaya de se remémorer les yeux de Melvina, « la nouvelle. Service informatique. 7ième étage » , qui venait d’entrer dans le bureau pour se présenter. Elle visualisa les longs cils derrière les lunettes. La frange charbon jusqu’aux sourcils. Xana avait juste eu le temps de se dire mamma mia quelle beauté, et la lumière s’était éteinte. Une illumination inversée.  

Les doigts caressent le genou dans un mouvement circulaire. Ils s’arrêtent. Puis remontent le long de la cuisse. 

Xana se mit à transpirer. Ce fut instantané. Le corps coula, la blouse allait mouiller au niveau de la nuque et des aisselles. Non seulement, elle voit dans le noir, mais en plus elle connaît les gestes qui me rendent folle. L’agent spéciale retint sa respiration. Shit. La main frôla l’entrejambe et tira légèrement sur le bas de la blouse. Elle défait mes boutons ? Le vêtement ainsi manipulé créa un léger déséquilibre du corps (Xana était toujours en position flamand rose) et une tension dans l’estomac. Une tension presque douloureuse. Un désir. La scientifique avança son visage. Elle voulait sentir l’odeur du cuir chevelu de cette beauté italienne. Renifler son visage. Mâcher ses cheveux. Quel goût ont-ils ? Et la bouche ? Elle voulait la lécher tout entière. Sa pulpe, son contour. Comment sont dessinées les lèvres ? Elle écarquilla les yeux, il faut voir. Une preuve ! Hallucination oui ou non ? Elle porta une main à son cou et toucha son médaillon protecteur représentant Sara la noire. Of course I want to believe ! 

À ce moment précis, le courant revint. Le projecteur se ralluma. L’image projetée sur l’écran derrière Xana troua l’obscurité d’une lumière violette qui la fit se retourner. Une photo de fleur apparut. Ridicule, pensa-t-elle. Quand elle fit à nouveau face à Melvina, elle se redit compte qu’un mètre au moins les séparait. Elle n’a pas pu avoir ce geste, j’ai rêvé. En baissant la tête pour cacher sa gêne, un détail attira l’attention de Xana : le bouton au bas de sa blouse était ouvert. 

 

À suivre… 

 

© Cyril Vieira Da Silva 

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