Les intersexes mettent les poings sur les i

Le combat des personnes intersexes (ou intersexuées) gagne en visibilité, notamment grâce aux actions du Collectif Intersexes et Allié·e·s, qui vient de lancer une enquête en ligne sur leur santé.

Elles représentent la dernière lettre du sigle “LGBTI” mais aussi, il faut bien l’avouer, la dernière des préoccupations d’une communauté qui souvent les connaît mal et les ignore. Par la force de leur militantisme, les personnes intersexes gagnent pourtant peu à peu en audience. Et ce, notamment grâce au Collectif Intersexes et Allié·e·s (CIA), créé en novembre 2016. En participant à l’Existrans (“la marche des personnes trans, intersexes et celles qui les soutiennent”), à la Marche des Fiertés LGBT et à la Pride de Nuit parisiennes, mais aussi en étant très actifs sur les réseaux sociaux, ses activistes veulent faire connaître leurs revendications. En tête de celles-ci, on retrouve notamment l’arrêt des mutilations génitales sur les nouveau-nés qui présentent des variations anatomiques (mutilations pour lesquelles la France a été condamnée à trois reprises par l’ONU en 2016). Mais l’intersexuation, contrairement à ce qu’on croit souvent, ne concerne pas uniquement ni toujours les organes reproducteurs et ne se voit pas forcément dès la naissance. Elle peut impliquer d’autres caractères sexuels « (génitaux, hormonaux, gonadiques ou chromosomiques) qui ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps masculins ou féminins » précise ainsi sur son site le CIA. Il existe ainsi autant d’intersexuations que de personnes intersexuées et ces variations par rapport à la norme ne constituent pas, dans l’immense majorité des cas, de menaces pour leur santé. De même, l’intersexuation ne se confond pas avec l’hermaphrodisme, soit la capacité de produire des gamètes masculins et féminins, qui ne se rencontre pas dans l’espèce humaine.

“Penser à notre propre santé et à nos besoins”

 

C’est pour lever ces malentendus (et quelques autres) que Mischa Tourbillon, jeune militant du CIA, a publié sur Internet fin 2018 une courte BD pédagogique de six planches visant d’abord à éduquer les dyadiques (personnes non-intersexes) sur ces sujets. Il y est question également de fétichisation (pouvant mener à des violences sexuelles, telles qu’il en a lui-même subi dans son enfance), de maltraitance médicale, de curiosité malsaine et déplacée, du sentiment de malaise et de honte avec lequel grandissent de nombreuses personnes intersexes… Mais si la pédagogie est nécessaire, elle ne peut constituer à elle seule l’unique axe d’intervention des militants. «On a passé beaucoup de temps à se concentrer sur la sensibilisation et la formation du grand public. On s’est rendu compte qu’on ne pensait pas beaucoup à notre propre santé et à nos besoins sanitaires et psychologiques», expliquait ainsi en début d’année Mischa Tourbillon à Têtu.com. C’est pour cela que le CIA vient de lancer en ligne la première enquête sur la santé des personnes intersexes, au sujet de laquelle il existe très peu de données et d’études. Soit une vingtaine de questions concernant la prise en charge médicale des individus présentant une variation du développement sexuel, leur rapport aux personnel·les de santé, etc. Rendez-vous dimanche 7 avril pour la publication des premiers résultats.

 

RÉSEAUX

www.facebook.com/CIA.OIIFrance

www.twitter.com/IntersEtAllieEs

www.cia-oiifrance.org

 

BD PÉDAGOGIQUE EN LIGNE

www.facebook.com/tourbillonfou

www.twitter.com/tourbillonfou

 

© Mischa Tourbillon

 

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