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La folle lyrique passée au scapel de Wayne Koestenbaum

Il aura fallu attendre 26 ans pour que soit traduit en français The Queen’s Throat OperaHomosexuality, and the Mystery of Desire du critique américain Wayne Koestenbaum. Publié pour la première fois en 1993, il est aujourd’hui édité par la Philharmonie de Paris sous le titre Anatomie de la folle lyrique.  

Il y a des livres difficilement classables et Anatomie de la folle lyrique est un de ceux-là. Ce n’est pas un essai sur les rapports entre opéra et homosexualité, ce n’est pas un livre technique sur l’art vocal, ce n’est pas un ouvrage consacré aux divas, ce n’est pas une autobiographie et pourtant, c’est un peu tout cela à la fois. Dans un exercice d’introspection, Wayne Koestenbaum observe l’émergence parallèle de sa passion pour l’opéra et la reconnaissance de son homosexualité pour aboutir à ce qu’il est : une folle lyrique. Avec honnêteté, humour, et même un certain regard ironique sur lui-même, il explore cette catégorie particulière à laquelle il appartient, celle d’un passionné d’opéra à outrance, fan de divas, fétichiste et collectionneur d’enregistrements vinyles historiques. Si la folle lyrique est bien décrite, on peut regretter le choix du titre français qui réduit l’ouvrage à ce seul concept, alors que, comme le suggère le titre anglais, le livre parle aussi de bien d’autres choses. Les chapitres consacrés à Maria Callas et aux divas fourmillent d’anecdotes, parfois dramatiques mais bien souvent amusantes comme celle de la soprano Margherita de l’Épine (1680-1746) qui durant 34 ans donna des concerts d’adieu. 

 

Au-delà de l’anecdote, un regard sur l’évolution des préjugés 
Parmi les différents thèmes abordés, Koestenbaum rappelle le débat sans fin sur la supériorité du verbe sur la musique et vice versa. La naissance de l’opéra dans l’Italie de la fin du XVIe siècle est fondée par ce débat, quant à Richard Strauss, il en fait le thème principal de son dernier opéra Capriccio (1942). Platon dans La République dit qu’écouter de la musique rend efféminé•e. Il y aurait donc deux pôles, l’un masculin porté par le verbe et un féminin porté par la musique. Serait-ce parce que l’opéra unit les deux comme une fusion de genre que les gays seraient plus sensibles à cet art ? La question reste posée. Enfin, l’une des caractéristiques de ce livre est qu’il a été écrit il y a maintenant un quart de siècle, et la description que Koestenbaum, né en 1958, donne de l’homosexualité est celle de son temps. Il est remarquable de voir avec le recul, combien l’homosexualité a gagné en reconnaissance dans les arts mais également dans la société. Si bien des combats sont encore à mener pour obtenir l’égalité des droits, ou lutter contre les préjugés homophobes, ce livre et son auteur porte le témoignage historique que bienheureusement, la société a évolué vers plus de liberté. 

 

anatomie de la folle lyriqueAnatomie de la folle lyrique de Wayne Koestenbaum (Philharmonie de Paris). En librairie. 

Maria Callas : Tosca 1964 de Claus Wischmann, documentaire disponible jusqu’au 23 janvier 2021 sur le site d’Arte

Maria Callas chante Tosca, Acte II, captation à Covent Garden en 1964 disponible jusqu’au 23 janvier 2021 sur le site d’Arte.

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