marcel-proust

Marcel Proust aborde l’homosexualité dans des nouvelles de jeunesse

Les nouvelles de jeunesse qui viennent de paraître abordent la question de l’homosexualité plus directement que ne le fera souvent Marcel Proust par la suite.

Ainsi donc, on vient de retrouver des nouvelles inédites de Marcel Proust ! Elles se trouvaient dans les archives de Bernard de Fallois, proustien patenté disparu l’an dernier. Ce sont des nouvelles de jeunesse, écrites bien avant À la recherche du temps perdu, et que Proust a écartées des Plaisirs et les jours (paru en 1896, alors qu’il a 25 ans). Comme le suggère Luc Fraisse dans son introduction, la raison en est peut-être qu’elles abordent trop directement la question de l’homosexualité, Proust ne souhaitant surtout pas que la sienne soit dévoilée. Et c’est vrai que, même si, dans ces textes, être gay ou lesbienne est bien souvent synonyme de malédiction, Marcel laisse libre cours à ses fantaisies homoérotiques comme il le fera rarement après. Dans la nouvelle qui donne son titre au volume, Françoise est tourmentée par un « mystérieux correspondant » qui lui adresse des missives enflammées… et qui est en fait une « mystérieuse correspondante », Christiane, sa meilleure amie atteinte d’une « maladie de langueur » à laquelle finalement elle succombe ! Mais dans une autre version, Proust délaisse le scénario conventionnel de la passion homosexuelle nécessairement destructrice pour s’attarder sur les fantasmes que les militaires inspirent à Françoise, et là on le sent très à l’aise pour évoquer « ces soldats dont le ceinturon est long à défaire », qui « le soir au coin des rues laissent derrière eux traîner leur sabre ». Ailleurs, il imagine un dialogue un peu délirant entre Samson (le personnage biblique !) et un mignon d’Henri III, où Samson salue finalement dans les amours entre garçons « un épanouissement plus riche de l’amitié, le riant couronnement de nos tendres fidélités et de ses épanchements. » Si l’amour est rarement une expérience heureuse chez Proust, on trouve donc quand même dans ces nouvelles les ferments d’un érotisme souriant et inhabituel.

Le Mystérieux Correspondant et autres nouvelles inédites de Marcel Proust (Éditions de Fallois). En librairies.

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.