Lukasz Wierzbowski création

Édito #151 : La création comme perspective

Cette colonne est souvent soumise aux aléas de l’actualité, se faisant l’écho des trop rares avancées en faveur de l’inclusivité et des toujours plus nombreuses violences discriminatoires de toutes sortes. S’il nous appartient, en tant que média LGBT et féministe, d’en faire état, nous refusons néanmoins, en tant que magazine culturel, de nous laisser dicter notre contenu par des agresseurs et oppresseurs de tous bords.

Il nous semble essentiel, en tant que mensuel, de conserver un rythme hors du flux incessant de l’information en continu auquel nous nous abreuvons toutes et tous. De faire un pas de côté, propice à la réflexion mais également à la contemplation de la création artistique, ciment premier de nos pages. C’est pourquoi, malgré notre indignation face à la recrudescence des agressions transphobes, lesbophobes, homophobes et racistes, nous préférons élargir nos horizons grâce à la riche production culturelle proposée sur notre territoire plutôt que d’établir des listes de haine. 

En la matière, les premiers mois de 2020 s’annoncent particulièrement intéressants. On hâte en effet de voir comment les élèves de la 29e promotion de l’école de la Comédie de Saint-Étienne vont s’emparer des textes de Sarah Kane à la fin du mois de janvier. Comment ces comédiennes et comédiens vont-ils faire résonner la révolte de cette autrice emblématique du renouvellement du théâtre britannique des années 1990 ? On attend également avec impatience la représentation de Viril, à l’Espace Malraux de Chambéry en février, spectacle qui réunit sur scène Virginie Despentes, Béatrice Dalle et la rappeuse Casey autour de textes féministes. On trépigne à l’idée de découvrir en mars le nouveau spectacle de la chorégraphe Oona Doherty à l’Espace Albert Camus de Bron, Lady Magma, promesse d’un féminisme aux forces telluriques. 

Ce sont là les choses qui nous animent et elles sont tout sauf futiles. Dans une société où les rapports interhumains sont de plus en plus tendus, où un système inique pousse invariablement les individus les uns contre les autres, nous avons besoin de spectacles, de musique, de livres, d’expositions qui nous invitent à lever le voile sur les possibles et à entrevoir le monde tel qu’il pourrait être. Que chacune et chacun puisse embrasser la perspective d’un changement en faveur de l’égalité et de l’inclusivité, c’est notre vœu pour l’année à venir. 

 

 

© Lukasz Wierzbowki 

 

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.