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Romance d’Arnaud Cathrine, nouvelle chronique des amours adolescentes

Le dernier roman pour la jeunesse d’Arnaud Cathrine suit les premières amours de Vince, un adolescent sentimental et déluré à la fois.

Vince a 16 ans, vit à Paris avec sa mère, qui l’emmène tous les mercredis au cinéma pour essayer de deviner de quel acteur il va tomber amoureux. Car Vince est ouvertement gay, ce qui ne semble pas poser de problème majeur, en tout cas pas à sa mère, ni au proviseur (gay lui aussi) ; un peu à Lilian, qui le traite de « tarlouze » et à qui Vince casse une dent en retour. Après la trilogie À la place du cœur, qui racontait les histoires de Caumes et Esther dans le Paris d’après les attentats de Charlie Hebdo, Arnaud Cathrine continue donc sa chronique des amours adolescentes. Mais cette fois la Romance annoncée dans le titre est résolument gay. On y suit Vince à travers son journal intime, mais aussi ses conversations SMS, ses posts Instagram, ses « garçons volés », des textes griffonnés dans le métro en face de garçons dont il imagine la vie.  Le livre déploie en apparence la promesse (ou la menace) contenue dans son titre : Vince, qui dès le début souhaite tomber amoureux, vit effectivement sa première grande histoire avec Octave, l’ami de toujours, jusque-là hétéro (mais finalement pas trop). 

Sans doute, tout est un peu trop beau dans ce monde où les mamans parfaites emmènent leurs grands bambins passer des vacances aux Canaries ; où ce n’est pas un problème pour un adolescent de payer des cocktails à son rancard dans un bar parisien (la mère qui tient une librairie indépendante et l’élève seule rive gauche est donc millionnaire ?). Mais si on a parfois plus l’impression d’être dans une sitcom de TF1 que dans Sex Education (la série à la fois drôle et acide de Netflix), cette éducation sentimentale est tout de même réjouissante. Le fait que le roman gay pour ado soit un genre apparemment bien constitué, dont celui-ci n’a même pas à se revendiquer, n’est pas le moindre motif de se réjouir. Du reste, la bluette annoncée est moins sirupeuse qu’elle y paraît, et le livre s’amuse à déjouer son titre : d’abord parce que ce Vince, pour qui « romantique » et « branché cul », « c’est la même chose », est bien drôle. Et puis, « ces deux-là » sont « pires que des frères », comme le dit l’une des mères à propos des deux amis-amants : la gravité des relations « fraternelles », que Cathrine a souvent explorée dans sa littérature pour adultes (Frère animal, Les Histoires de frères) pointe discrètement sous la romance. 

romance cathrineRomance d’Arnaud Cathrine (Robert Laffont). En librairies.

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