John Waters

John Waters : l’éternel dandy trash à Écrans Mixtes

Provocant, inventif, transgressif, drôle et trash : le cinéma underground qu’invente John Waters à l’aube des années 1970 ne ressemble à aucun autre. C’est l’art singulier de ce dandy queer que célèbre Écrans Mixtes en en faisant son invité d’honneur cette année.

Si John Waters a, comme peu d’autres réalisateurs, bousculé le cinéma pour en faire un art du mauvais goût porté à incandescence, c’est parce qu’il a trouvé à Baltimore, leur triste ville natale à tous deux, le complice parfait pour cela : Divine, travesti obèse et flamboyant qui devient, dès ses premiers courts métrages, l’actrice principale et no limit de la plupart de ses films. Autour de cette figure outrageous et hors normes, Waters crée une petite troupe de fidèles qu’il entraîne dans ses folles histoires. Tournés avec des moyens dérisoires et une inventivité infinie, Pink Flamingos (1972), Female Trouble (1974) ou Desperate Living (1977) sont ainsi des films baroques et barrés où tout est possible : être violée par un homard géant, rêver d’épouser un garagiste nudiste ou manger des crottes de caniche tout juste sorties du derrière du charmant animal… 

Le toujours impeccablement élégant Waters est ainsi une sorte du pape du trash dans l’Amérique seventies, capable d’inventer un film en improbable odorama : chaque spectateur de Polyester (1981) — où Divine joue une mère de famille modèle mariée à un propriétaire de cinéma porno – était ainsi muni d’un petit carton qui, une fois gratté, diffusait d’aussi agréables odeurs que vieilles baskets, gaz intestinaux, ail ou essence. 

Après le succès de la joyeuse comédie musicale Hairspray et la mort de Divine en 1988, le trublion Waters semble s’assagir. Mais ce n’est qu’une apparence, tant ses films, bien que plus cossus et menés par des stars comme Johnny Depp (Cry Baby), n’en finissent de se montrer socialement impertinents et sexuellement très incorrects, à l’image de Serial Mother (1995). Kathleen Turner y campe avec une puissance comique irrésistible une épouse modèle tuant une grand-mère à coups de gigot ou assassinant une femme qui a osé porter des souliers blancs après Labor Day. 

Seize ans après son dernier long métrage (le très obsédé A Dirty Shame), John Waters demeure une référence indépassable de la culture underground et camp dont la master class lyonnaise sera, à coup sûr, un événement.

 

 

Cry-Baby, le 11 mars à 20h30 au Comoedia, 13 avenue Berthelot-Lyon 7

Master Class John Waters, le 12 mars à 18h15 au Grand Amphithéâtre de l’Université Lyon 2, 16 quai Claude Bernard-Lyon 2
Soirée de clôture en présence de John Waters le 12 mars 20h45 au Pathé Bellecour, 79 rue de la République-Lyon 2 

www.festival-em.org

 

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