gaelle loth

Gaelle Loth signe une animation sensuelle et frénétique

Au hasard des rues, votre chemin a sans doute croisé celui des personnages de la dessinatrice Gaelle Loth qui signe les visuels de nombreuses affiches d’événements culturels lyonnais. Ses portraits aux couleurs criardes et à la face romantique ont l’air d’être en quête d’un ailleurs, d’un·e inconnu·e. Cet ailleurs, inaccessible pendant le confinement, l’artiste l’a touché du doigt avec un projet d’animation, Christine & Nancyqu’elle a réalisé avec son amie monteuse vidéo et chanteuse du groupe Tombouctou, Lisa Cocrelle.

Gaelle Loth démontre une nouvelle fois qu’elle maîtrise l’art d’exalter les sens par l’intermédiaire de dessins imparfaits et instinctifs dans lesquels elle déploie sa subjectivité sans s’imposer. Elle laisse celui ou celle qui les contemple s’évanouir dans sa propre connaissance du monde et dans ses souvenirs. Sensualité, sensibilité et sensation sont la règle de trois de cette artiste à suivre de près. Interview.



Peux-tu nous raconter la genèse du projet d’animation Christine & Nancy ?
Il y a trois ans on a commencé à réaliser un clip en animation pour le groupe Tombouctou avec mon amie Lisa Cocrelle. Avant le confinement on s’était dit qu’il fallait absolument finir ça, un jour. Le confinement a été annoncé, alors j’ai pris ma grosse valise et j’ai traversé Lyon pour allez chez Lisa, dans l’idée de profiter de ce temps “stand-by” pour finir ce travail. En revoyant les vieilles images déjà montées on a trouvé ça assez naze, alors on a décidé de repartir à zéro sur un tout nouvel objet, l’idée du clip s’est transformée en projet de cartoon. La graine était là avant, mais la forme du film a germé au début du confinement, la quarantaine nous a donné le temps de la conception, et c’est alors que sont nées “Christine” et “Nancy”.

gaelle loth 2“Christine et Nancy est un road-trip en circuit fermé, un huis-clos anatomique, c’est notre Thelma et Louise sous acides.”


Qu’avais-tu envie de raconter à travers cet animé ?
Au début du confinement on parlait beaucoup de désirs, de plaisirs, de plaisirs solitaires, et d’objets glissants. Ça, couplé avec l’envie de sortir de l’appartement, rouler sur des vallées, des plaines, des forêts et des culs, on est parties sur l’idée d’une sorte de voyage initiatique, romance sensuelle et psychédélique entre une voiture, Christine (nom inspiré par la Christine de John Carpenter, objet de destruction devenu ici objet de vibration) et Nancy (Aka Nancy Sinatra), un paysage de corps de femme immense, titanesque, avec des bottes rouges comme une alerte au crash/crush à venir.

gaelle loth 3Pour la bande sonore, notre ami Johanny Melloul s’est associé au projet, et a monté des impros du groupe Gros Bébé Chauve (duo de Lisa et Johanny). Le mariage visuel/son s’est déroulé comme du collage, avec des associations assez aléatoires, et des sons précis que Johanny a synchronisé sur des instants de climax, ou précisément à des moments qui n’avaient rien à voir, collant totalement à notre idée d’un film beau crade et débile.

Christine et Nancy est un road-trip en circuit fermé, un huis-clos anatomique, c’est notre Thelma et Louise sous acides.

Qu’est-ce qui t’a plu dans cet exercice ?
La frénésie, créer comme une machine, enchaîner les dessins que Lisa montait directement pour faire naître d’infimes mouvements magiques. 20 dessins d’une même voiture pour créer une légère vibration du trait… Petit à petit donner vie à des personnages et à une histoire (aussi abstraite soit elle).

As-tu d’autres projets en cours ?
Un projet d’édition textes-dessins avec Etaïnn Zwer (du Collectif RER Q entre autres), et un autre avec Marguerin Le Louvier (co-fondateur des Editions Douteuses et de Cristal qui songe, entre autres), des autrices et auteurs que j’aime beaucoup. Ces collaborations sont nées pendant le confinement. Nous ne nous connaissions pas ou très peu, mais être enfermé·e seul·e dans sa chambre a soudain rendu possible certaines rencontres.

As-tu appréhendé ton travail différemment pendant cette période ?
Nous avons établi le premier mois de confinement comme un temps de résidence, et ces moments-là sont toujours très intenses dans la création. C’est extrêmement stimulant. Et pour le coup, comme rien ne se passait au dehors, nous n’avions que ça sur quoi nous concentrer, ce qui a permis d’être ultra efficaces !
Le deuxième mois, le dessin animé terminé, j’ai travaillé sur mes projets de mon côté. Hors des moments de résidences collectives, je dessine chez moi et j’ai besoin d’être seule, alors la situation n’a pas trop changé la donne de mon côté (à part le fait que je ne culpabilisais plus de rater un super concert quand j’étais dans mon lit à 20h, et puis l’angoisse des mois à venir, un peu, il faut dire). 

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Focus #2 Gaelle Loth, jusqu’au 11 juin 2022 à la Fondation Bullukian, 26 place Bellecour-Lyon 2.

Liens :

Christine et Nancy : https://www.youtube.com/watch?v=-PpWOLyuf3E&feature=em-share_video_user

Gaelle Loth : https://gaelleloth.tumblr.com/

                  https://www.instagram.com/gaelleloth/

Tombouctou : https://tombouctou.bandcamp.com/releases

Lisa Cocrelle : https://lisacocrelle.tumblr.com/

Johanny Melloul : https://johannymelloul.blogspot.com/

Gros bébé Chauve : https://grosbbchauve.bandcamp.com/

Etaïnn Zwer : https://etainnzwer.tumblr.com/

RER Q : https://www.instagram.com/rer_q/?hl=fr

Marguerin le Louvier : http://marguerin.net/

Les Editions Douteuses : http://www.elodiepetit.fr/les-editions-douteuses/

Nancy Sinatra : https://www.youtube.com/watch?v=SbyAZQ45uww

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