Repenser nos solidarités

Édito #156 : Repenser nos solidarités

Alors que se profile le mois des fiertés et que nous sortons lentement de la crise sanitaire, il est temps de repenser nos solidarités au sein de nos communautés LGBT+.

Il apparaît inutile de s’étendre sur les huit mois que nous venons de passer. Alors que nous repartions plein d’espoir en septembre, notre confiance en l’avenir a été fauchée en plein vol par la reprise de l’épidémie. Au final, nous n’aurons pu sortir que deux magazines papier cette saison 20-21 qui marquait nos 15 ans d’existence. C’est pourquoi ce numéro d’été, qui couvre exceptionnellement trois mois, est chargé symboliquement et que nous espérons vous retrouver nombreu·euses au bar des Halles de la Martinière le 9 juin à partir de 19h, pour célébrer ce retour du print.

Toute à l’ivresse de la réouverture que nous sommes, nous n’oublions pas cependant les violences et les inégalités que les divers confinements ont mis cruellement au jour, particulièrement chez les personnes LGBT+ isolées et précaires. Dans l’euphorie de la reprise, il serait criminel de ne pas prendre le temps de repenser nos solidarités. 

D’autant que les raisons de se réjouir, à court terme, sont rares. Si les Marches des fiertés auront bien lieu cette année, le mois des fiertés 2021 charrie comme toujours son lot de grandes entreprises prêtes à s’adonner au pinkwashing à bon compte. Ces derniers mois, l’extrême-droite lyonnaise a multiplié les démonstrations de force, notamment en attaquant le rassemblement de la fierté lesbienne du 24 avril dernier. En outre, les élections régionales qui s’annoncent, et dont les sondages en Auvergne-Rhône-Alpes donnent invariablement Laurent Wauquiez (LR) en tête, illustrent implacablement les divisions de la gauche et son incapacité à fédérer derrière un projet fort, à seulement un an des élections présidentielles. 

Bien malin·e celui ou celle qui pourra dire vers quelles valeurs va pointer la société qui naîtra de cette crise. Une chose est sûre néanmoins : le pire est toujours possible. Il nous appartient donc de rester vigilant·es et mobilisé·es pour exiger, notamment, l’adoption définitive de l’ouverture de la PMA aux couples lesbiens et aux femmes seules, la prise en considération des droits des personnes trans réclamés de longue date, l’arrêt des mutilations des personnes intersexes, la fin de la stigmatisation des personnes séropositives et des travailleur·euses du sexe, une plus grande inclusivité pour lutter efficacement contre toutes les formes de discriminations. 

Ces combats, ce sont les nôtres, et peu importe le nombre de cabas arc-en-ciel que vendra Ikea, personne ne les mènera à notre place.

 

Repenser nos solidarités

Ce numéro est dédié à Dorotée Aznar (1979-2021), cofondatrice d’Hétéroclite, précieuse alliée des luttes LGBT+ à l’humour ravageur sans qui nous ne serions pas là aujourd’hui et à Roméo Blin (1996-2021), stagiaire solaire et profondément altruiste dont nous garderons le souvenir d’une joie de vivre insubmersible.

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