Joe la pirate

Joe la pirate : splendeurs et misères

Le scénariste Hubert et la dessinatrice Virginie Augustin proposent aux éditions Glénat Joe la pirate, un roman graphique retraçant l’existence agitée et incandescente de Marion Barbara Carstairs, plus connue sous le nom de Joe. 

Lorsqu’on la présente à grands traits, la vie de Joe Carstairs, dite Joe la pirate, a plutôt de quoi faire rêver. Jeune fille née à Londres en 1900, elle réussit à vivre avec une liberté admirable : refusant d’être limitée par une quelconque règle de genre, elle fondera sa propre société de taxis féminins, se lancera avec succès dans des compétitions de courses de bateau, et enchaînera les amantes sans jamais s’en cacher. La première partie de ce roman graphique nous offre donc à voir une vie incroyablement libre et audacieuse, nous transportant dans un XXème siècle festif où les femmes prennent le droit de s’aimer. 

Cette festivité se trouve également dans la manière dont Joe vit librement son genre : toujours guidée par un soucis de plaisir et d’amusement, elle s’amusera à « jouer les hommes », et à évoluer de manière fluide sur le spectre du genre. Par ailleurs, l’œuvre ne se montre pas timide lorsqu’il s’agit d’évoquer ses liaisons passionnées, et de Marlene Dietrich à Tallulah Bankhead en passant par des maîtresses inconnues, le roman graphique réussit à mettre en valeur des relations tendres, explosives, ou passagères.

En revanche, si les libertés que prend Joe vis-à-vis des règles du genre et de la sexualité peuvent s’avérer fascinantes, la découverte de sa vie devient particulièrement indigeste lorsqu’elle décide d’acheter l’île de Whale Cay dans les Bahamas pour y gouverner. Le livre nous présente alors une femme reconvertie en colon, vivant dans une demeure luxueuse sur une île où elle fait la loi. On peut apprécier que les artistes n’aient pas cherché à dissimuler le caractère détestable de Joe Carstairs durant ces années. Il est cependant particulièrement irritant d’assister à sa gouvernance, en suivant toujours son point de vue, et d’autant plus difficile d’apprécier son amour de la liberté, lorsqu’elle fait peu cas de celle des autres. 

Joe la pirate

Joe la pirate d’Hubert (scénario) et Virginie Augustin (dessin) chez Glénat. En librairies.

 

 

 

 

 

 

 

©Francis Selier Photographe

©Francesca Mantovani

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