La pièce Straight met en lumière les viols correctifs dont ont été victimes les lesbiennes en Afrique du Sud au début des années 2010. 

Straight au NTh8 : La violence de la norme 

La compagnie Les Trois-Huit s’empare de la pièce documentaire de Guillaume Poix, Straight, qui met en lumière les viols correctifs dont ont été victimes les lesbiennes en Afrique du Sud au début des années 2010. 

Si Straight est le fruit d’un travail documentaire minutieux, la pièce dépasse cependant les frontières et l’époque où se déroulent son action pour aborder une pratique terrible dont sont victimes les lesbiennes dans les zones de guerre ou sous tension : les viols correctifs, que les agresseurs revendiquent pour mettre ces femmes dans le « droit chemin »

Le cas de l’Afrique du Sud a ceci de singulier cependant qu’en 2011, alors même que le mariage entre personnes de même sexe est reconnu par le gouvernement, les lesbiennes continuent d’être les cibles de ces pratiques d’un autre âge. Guillaume Poix donne ainsi à voir les destins de Eudy, Salome, Sizakele, Noxolo, Madele, Savannah ou Kayla : elles sont étudiantes, footballeuses, militantes, elles vivent en ville ou dans des zones rurales, sont plus ou moins out sur leur homosexualité, mais elles ont toutes en commun de se retrouver confrontées à un déchaînement de violence du fait de leur orientation sexuelle. 

En choisissant de replacer les histoires de ces femmes dans le contexte historique plus global de l’Afrique du Sud : la fin de l’apartheid, la libération de Nelson Mandela, la naissance de la nation arc-en-ciel, l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe, la metteuse en scène Sylvie Mongin-Algan souligne combien les femmes lesbiennes, deux fois reléguées aux marges des sociétés patriarcales, restent les proies faciles d’une violence hétéronormée établie en système.

Il suffit pour s’en convaincre de voir les scènes de procès des agresseurs, dans lesquelles ces derniers tentent de justifier leurs crimes en recourant à un hypothétique ordre naturel relevant d’un fantasme de toute-puissance sur les corps marginalisés, d’un besoin de dompter et d’asservir celles qui s’éloignent de la norme supposée. Cette violence, malheureusement, ne connait pas de frontières, et c’est sans doute ce caractère universel qui a permis à la pièce d’être créée en 2018 au Mexique, avant d’être jouée sous nos latitudes.

Du 27 novembre au 9 décembre au NTh8, 22 rue du Commandant Pégout-Lyon 8.

 

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.