À la rédaction, il nous arrive de passer quelques samedis matin en l’étrange compagnie d’Alain Finkielkraut, via son émission Répliques sur France Culture. 

Alain Finkielkraut et l’obsession féministe

Au sein de la rédaction, nous sommes plusieurs à partager une petite habitude du quotidien : plutôt que d’écouter chez nous des podcasts sélectionnés avec goût, nous laissons négligemment le poste de radio proposer ses programmes. Ainsi il nous arrive de passer quelques samedis matin en l’étrange compagnie d’Alain Finkielkraut via son émission hebdomadaire Répliques sur France Culture. 

De la même manière que l’on peut être happé·e par un film d’horreur, nous sommes forcé·es d’admettre que nous avons écouté, et même plusieurs fois, cette émission avec fascination et ceci d’autant plus quand le sujet abordé était relatif aux questions féministes et LGBT+. Parce que Finkielkraut qui débat des questions féministes, c’est massacre à la tronçonneuse version France Culture.

En moins d’un an, quatre de ses émissions ont directement ciblées le féminisme : « Où va le féminisme ? », « La question trans », « Les leçons de #metoo » et la dernière, la pire « Les hommes et les femmes aujourd’hui » où Finkielkraut recevait Camille Froidevaux-Matterie, autrice du livre Un corps à soi. Avec la complicité de son autre invité, Jean-Michel Delacomptée et en feignant grossièrement de considérer également les propos de ses deux invité·es, Finkielkraut n’a cessé d’attaquer Camille Froidevaux-Matterie dont nous félicitons le sang-froid et la témérité.   

Domination rhétorique, condescendance patriarcale

On sait que les opposants aux évolutions sociétales, particulièrement celles qui ouvrent un champ des possibles plus grand et plus inclusif sont mus par la peur. La peur de perdre des privilèges, la peur de perdre un référentiel de normes dans lequel ils dominent tranquillement. De la même manière que les militant·es sont mu·es par la nécessité et l’idéal. C’est ainsi depuis tout temps, l’utopie comme moteur révolutionnaire, la peur de perdre comme frein. Mais chez Finkielkraut, la chose est plus complexe, plus sournoise. Du propos aux intonations de voix, de la fausse candeur à l’agressivité dissimulée sous des apparats de débats, tout incarne la condescendance patriarcale. 

Au-delà de lui, se pose la question : les militant·es doivent-ils continuer à se rendre à des débats biaisés par avance ? Est-il utile de participer à ces jeux sadiques de domination rhétorique et de sournoises humiliations ? Chacun·e décidera. Reste que nous pouvons aussi en rire. En repensant par exemple à cette conclusion de son émission de 16 octobre dernier où, pour revendiquer mine de rien, que quand même, un peu de violence de temps en temps peut mener au consentement, Finkielkraut lit avec passion ridicule un extrait du Lys dans la vallée de Balzac. On est loin de Delphine Seyrig évoquant le même ouvrage à Jean-Pierre Léaud chez Truffaut. Quant à nous, peut être devrions nous changer nos coutumes radiophoniques, au moins le samedi matin.

 

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