mode unisexe

Mode unisexe et campagnes marketing : que de la gueule ? 

Dimanche matin, 11h30. En scrollant sur mon téléphone, je vois que Camaïeu sort une collection “no gender”. Tambours battants, je vois fièrement un couple prendre la pose autour de ce slogan « Un T-shirt pour moi, lui et les autres ». Mais quelle est la réelle portée de ces collections capsules dans la mode aujourd’hui ?

La tendance unisexe a toujours existé : nombreux sont les créateurs qui ont “emprunté” des pièces masculines pour les incorporer à un vestiaire féminin : Yves Saint Laurent avec la saharienne ou encore Heidi Slimane avec la veste de blazer. Plus récemment, certains créateurs ont fait le chemin inverse : notamment Alessandro Michele chez Gucci, qui incorpore chemise en soie rose à lavallière dans les collections masculine de la marque italienne. 

Le vestiaire même de n’importe quelle parisienne qui se respecte est composé de la fameuse chemise blanche de son amant, avec laquelle elle court de rendez-vous en rendez-vous, maquillée d’un simple trait de rouge à lèvres. 

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Unisexe, genderless fashion : vers une mode plus inclusive ?

Mais depuis quelques saisons, cette fluidité s’intensifie. Tout d’abord, une nouvelle génération de consommateur·rices considère un vêtement pour ce qu’il est vraiment : une simple pièce de textile. Pièce qui peut être portée selon les envies de chacun·e. Après tout, qui interdit à un homme de porter une jupe longue et à une femme un boxer thaïlandais pour aller en soirée ? Qui définit les limites et pourquoi ? 

En parallèle, on voit une nouvelle vague de designers qui assument franchement un vestiaire no gender : Charles de Vilromin, Marine Serre, ou même Balenciaga, qui repousse souvent les limites du genre lors de ses défilés. La mode est une industrie qui se nourrit de ses consommateur·rices, et l’avènement de la genderless fashion n’est qu’un exemple parmi d’autres

Il n’en fallait pas moins pour que cette réelle envie d’émancipation et de progressisme devienne un concept marketing avec de dangereuses conséquences : des labels qui cherchent la lumière, ou encore des marques 100% féminine qui savent pertinemment qu’elles n’attireront pas de public masculin sous leurs portes.

Mais alors pourquoi tant d’efforts ?

La genderless fashion est un moyen idéal de faire payer une chemise à carreaux homme deux fois son prix à une femme, juste en la marketant « unisexe ». Similaire à tous ces produits de consommation délibérément genrés pour pouvoir faire payer plus une partie de la population plutôt qu’une autre (qu’on pense notamment aux rasoirs roses plus chers que leurs homologues bleus), la genderless fashion peut devenir une cash machine, qui va à l’encontre même de l’idée d’émancipation et d’inclusivité qu’elle prétend défendre. 

© Illustration Cyril Vieira Da Silva

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