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Homonationalisme et racisme chez les LGBT ?

20 mai 2016 de 18h00 à 20h00

Entrée libre

Dans le cadre de la journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, l’association Les UNvisibles de Stonewall, vous propose une conférence-débat ayant pour thème : «homonationalisme et racisme chez les LGBT ?», en partenariat avec la Chaire Inégalités et Discriminations de l’Université Lyon 2 et le Centre d’études postcoloniales de Lyon.

Le terme “homonationalisme” désigne une attitude ethnocentrique et culturaliste d’homosexuel-le-s occidentaux qui affirment la supériorité de leurs sociétés sur d’autres jugées intrinsèquement et fondamentalement homophobes.

les unvisibles de stonewall logo association lgbt queer feministe lyon homonationalisme

Un homo dans la cité de Brahim Naït-Balk et Homo-ghetto de Franck Chaumon sont deux ouvrages ayant fait sensation au moment de leur sortie (2009), bien qu’ils décrivaient parfois une banlieue sans nuance («au-delà du cri de détresse souvent exclue, victime du chômage et des discriminations, ce livre dresse un portrait terrifiant de nos banlieues gangrenées par la misère sociale, éducative, affective et sexuelle»). Comment expliquer que sept ans après paraissentt Rose Marine de Marie-Pierre Bourgeois sur l’homosexualité et le FN ? Au moins trois hypothèses nous semblent possibles :

– L’explication est peut-être à chercher du côté de ce qu’Eric Fassin appelle la « démocratie sexuelle » qui consiste à faire jouer l’égalité sexuelle contre les personnes racisées, quand, finalement, la lutte contre l’homophobie sert à légitimer une xénophobie d’État. L’idée serait de dire que l’homophobie n’existe plus en France, si ce n’est en « banlieue », ou que l’homophobie en « banlieue », dans les quartiers populaires, serait plus violente qu’ailleurs, comme l’avait professé une intellectuelle (terme à utiliser avec précaution) pour le sexisme.

– L’explication est peut-être à chercher du côté de la mise en concurrence des luttes prenant parfois la forme d’une course aux droits, là où le droit ne reconnait pas, par ailleurs, les discriminations multi-factorielles (soit on est femme, soit on est noir, soit on est musulmane, soit on est lesbienne, etc.). Comment rendre compte dans un tel contexte des identités plurielles ? Quel rôle peut-être celui des associations en la matière ?

– L’explication est peut-être à chercher du côté d’un racisme qui ne dirait pas son nom où dans le cadre de site ou d’application de rencontre (Grindr, etc.) la couleur de peau, l’origine ethnique devient l’objet d’un goût ou d’une aversion sexuelle. D’ailleurs, l’image sexualisée des personnes racisées, renvoyant au fantasme de l’exotisme, n’est pas sans rappeler ce que décrivait déjà Frantz Fanon dans Peau noire, masques blancs, concernant les logiques colonialistes à l’œuvre.

Or, si cela est une forme de racisme, le fait de la reprocher particulièrement aux LGBTQ+ (Lesbiennes, gays, bisexuel.le.s, trans, queers, intersexes, etc.), n’est-ce pas exiger de leur part une exemplarité, sur le mode d’un idéal, qui se muerait alors en une forme de LGBTphobie ? Autrement dit, pourquoi les LGBTQ+ seraient-ils plus ou moins racistes que les autres ? Quels sont les enjeux pour les LGBTQ+ racisé.e.s ? Quelle place leur est laissée dans les structures militantes ? Le débat est ouvert…

Plusieurs intervenant.e.s présenteront brièvement le résultat de leur recherche de terrain afin d’engager la discussion avec la salle :

– “Civiliser la sexualité”, par Céline Belledent (Centre d’études postcoloniales de Lyon) : “La production scientifique de la sexualité à la fin du XIXe siècle en Europe occidentale permet de retracer les généalogies des catégories sexuelles et donc des pervers-es. Cette sexualité-là distribue de la valeur dans l’humain, elle devient un moteur de civilisation et de hiérarchisation des populations. Un détour historiciste permettra de comprendre comment la sexualité reste de nos jours en prise avec les questions de civilisation et de racisme.

– “Les discriminé-e-s discriminants” par Louise Guillot-Jérôme (étudiante en sociologie) : “”Être un homme, être cisgenre, être blanc.he, être hétérosexuel.le, être issu.e de classe sociale favorisée… sont autant de privilèges qui assoient la domination. La communauté LGBT n’échappe pas à ces rapports : on constate que la cause homosexuelle blanche est davantage représentée, au détriment des personnes bisexuel.les et trans, largement invisibilisé.e.s. Qu’en est-il des personnes racisé.e.s ? Notre étude de terrain au sein d’une association LGBT à Lyon nous a permis de faire émerger quelques pistes de réflexion concernant la reproduction de rapports de domination présents dans la société par des personnes elles-mêmes discriminées.

– “Le sexe de la nation” par Gianfranco Rebucini : “Depuis le travail séminal de Jasbir Puar sur l’homonationalisme dans le contexte des États-unis de l’après-11 septembre, certaines formes de nationalisme sexuel se sont développées également en Europe. Les partis politiques de droite, d’extrême-droite mais parfois aussi de gauche opposent de plus en plus dans leurs discours une civilisation nationale et/ou européenne prétendument respectueuse des droits des homosexuel.le.s et des femmes aux cultures des immigrés et de leurs descendants censées être par essence homophobes et sexistes. Les mouvements LGBTQ+ peuvent reprendre ces rhétoriques « civilisationnelles » et culturalistes dans leurs politiques d’intégration à la citoyenneté. Nous nous pencheront sur ces discours et rhétoriques pour en déceler les causes mais également les effets dans la redéfinition contemporaine de la nation par les politiques sexuelles de normalisation.

– “Les homosexuel.le.s de culture arabo-musulmane” par Zakariae El Hammani (étudiant en sociologie) : “Les derniers événements survenus dans certains pays de culture arabo-musulmane nous prouvent encore une fois qu’il est impossible de vivre son homosexualité lorsque l’on est issue du monde arabo-musulman. Mais qu’en est-il en France ? Peut-on vivre son homosexualité en France lorsque l’on est issue d’une famille de culture arabo-musulmane ? Comment une culture présupposée étrangère peut-elle avoir du poids dans l’affirmation de l’orientation sexuelle de l’individu en France ?

Détails

Date :
20 mai 2016
Heure :
18h00 à 20h00
Prix :
Entrée libre

Organisateur

Les UNvisibles de Stonewall
E-mail :
lesunvisiblesdestonewall@gmail.com
Site :
www.facebook.com/Les-UNvisibles-de-Stonewall-1509832539315258

Lieu

Université Lumière Lyon II
2 rue de l'Université
Lyon 7, 69007 France
+ Google Map
Téléphone :
04.78.69.70.00
Site :
www.univ-lyon2.fr

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