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Cyril Chevreau : «pas d’avancée sur le don du sang avant deux ans»

Cyril Chevreau, président de l’association Pourquoi Sang Priver, milite pour la levée de l’interdiction faite aux gays de donner leur sang.

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Quelle est la genèse de votre engagement ?

Cyril Chevreau : Entre dix-huit et vingt-deux ans, j’étais donneur de sang régulier. Dès que j’ai commencé à m’assumer en tant qu’homosexuel, je me suis auto-exclu. En 2008, une connaissance qui faisait partie de GayLib [association LGBT proche de l’UMP, NdlR] m’a assuré que le don du sang était ouvert aux homosexuels et j’ai voulu le constater par moi-même. Mais en remplissant le questionnaire, je me suis aperçu que la question de l’orientation sexuelle était toujours présente et je me suis fait refouler. Furieux, j’ai décidé de monter cette association fin 2008 pour peser auprès des services publics et faire avancer le débat.

Quelles sont vos actions ?

Cyril Chevreau : Nous essayons de nous rendre partout où l’Établissement Français du Sang (EFS) mène des campagnes en extérieur, afin de distribuer des tracs, interpeller les passants, les sensibiliser et prendre le temps de discuter avec eux. En quatre ans, nous n’avons pas eu une seule réaction négative de la part des gens. En revanche, il est déjà arrivé que les services de sécurité de l’EFS viennent nous demander de lever le camp, surtout quand notre action était annoncée dans la presse.

Avez-vous subi des pressions de la part de l’Établissement Français du Sang ?

Cyril Chevreau : Pas de pressions à proprement parler, mais une certaine hostilité. L’EFS croit que nous voulons perturber les campagnes de don du sang, mais ce n’est pas le cas. Nous n’incitons personne à refuser de donner, bien au contraire. Notre combat consiste non seulement à sensibiliser les gens à cette interdiction, mais aussi à insister sur l’importance du don.

Vous remettez une lettre en main propre à chaque candidat à l’élection présidentielle…

Cyril Chevreau : J’ai écrit la même lettre à tous les candidats pour connaître leur position vis-à-vis de l’interdiction, savoir s’ils modifieront la loi et, si oui, dans combien de temps. Pour l’instant, je n’ai reçu aucune réponse, mais je ne suis pas inquiet. Les choses vont certainement se décanter à partir du 16 mars, après le dépôt des candidatures. Tous les candidats que j’ai rencontrés ont été très courtois, à gauche comme à droite.

Nicolas Dupont-Aignan [candidat souverainiste de Debout la République, NdlR] m’a même fait part de son étonnement quant à cette interdiction. Le fait qu’il prétende ne pas être au courant ne m’a pas surpris, car c’est une réaction courante, même chez les personnalités politiques. Mais j’ai appris qu’en décembre dernier, une question sur l’interdiction du don du sang aux homosexuels avait été posée en son nom à l’Assemblée nationale à la secrétaire d’État à la Santé Nora Berra. Ce double langage me fait grincer des dents.

Quelles sont vos prochaines actions ?

Cyril Chevreau : Depuis les propos du docteur Jean-Pierre Calot le 23 janvier dernier (voir ci-dessous) et la polémique qui en a découlé, l’EFS communique beaucoup plus avec les associations. Le 31 mars, Pourquoi Sang Priver et quatre autres associations vont rencontrer à Paris Gérard Tobelem, le président de l’EFS. On sent que les choses avancent petit à petit, que le dialogue se noue. Malgré tout, il ne faut pas se leurrer, l’autorisation ne viendra pas tout de suite. Je pense qu’il faudra attendre encore environ deux ans pour que les choses évoluent réellement.

Votre combat orientera-t-il votre vote aux élections présidentielles ?

Cyril Chevreau : En tant que président de Pourquoi Sang Priver, je dissocie mes convictions personnelles et politiques de mon combat de militant associatif. Je suis membre depuis plus d’un an de GayLib, dont j’ai rejoint en janvier le conseil d’administration et le bureau en tant que chargé de mission sur les questions de santé. J’attendais donc beaucoup du candidat Nicolas Sarkozy. Mais, au vu de ses prises de position rétrogrades sur les droits des homosexuels, je ne me vois pas voter de nouveau pour lui.

 

 

Les propos du bon docteur Calot

Le 23 janvier, le site d’information local toulousain Carré d’info interroge le docteur Jean-Pierre Calot, chef de service des prélèvements pour la délégation Pyrénées-Méditerranée de l’Établissement Français du Sang, au sujet de l’interdiction de don du sang qui s’applique aux homosexuels.

Une interdiction que ce dernier justifie en estimant qu’«un vagin est fait pour avoir des rapports sexuels, un anus n’est pas fait pour ça». Avant d’ajouter : «celui qui est dangereux pour nous, c’est l’homme normal, marié, père de famille et qui a de temps en temps un rapport avec un travesti. L’homosexuel, le vrai, n’a pas de rapport avec un travesti car il n’aime pas les femmes et encore moins les ersatz de femmes». Ce médecin a été immédiatement désavoué par sa hiérarchie, qui s’est excusé «auprès de toutes les personnes touchées par la grossièreté du docteur Calot» avant de le suspendre de ses fonctions trois jours plus tard.

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