Tumor

Tumor alimente la rumeur

Dans un dernier album taillé pour le live, Yves Tumor poursuit sa quête musicale ambitieuse et foisonnante entre art-rock pailleté et pop psyché musclée.

Qui se cache derrière ce moniker francisé et métastasé ? À la ville Yves Tumor serait Sean Lee Bowie, sans grande certitude toutefois… Ce qu’on peut glaner comme informations à son endroit c’est qu’iel naît à Miami et grandit à Knoxville (Tennessee), dans « un environnement très conservateur, raciste, homophobe et sexiste ». Son College avorté iel s’échappe de ce cadre toxique pour rejoindre San Diego puis L.A. Gagnant peu à peu l’estime d’artistes comme Mykki Blanco ou Joji et l’attention de l’inénarrable label Warp Records, Tumor reste pourtant fort discret·e lorsqu’il s’agit d’en dire plus sur sa personne. Il se pourrait qu’iel vive aujourd’hui à Turin, Londres ou L.A. Avare en interviews (2 en 5 ans!), iel souhaite qu’on se concentre plutôt sur sa proposition musicale. On note toutefois une amusante mise en abîme autour des identités réelles, supposées ou rêvées de l’artiste si l’on regarde de plus près l’artwork du dernier album où Yves arbore désormais une chevelure dorée : le nom « Bowie » étant aux origines un nom de famille écossais dérivé du surnom gaélique « Buidhe », qui signifie « jaune » et adressé à une personne blonde ou aux cheveux clairs.

Album au titre étendu n’outrepassant toutefois pas les 40 minutes, ce cinquième effort d’Yves Tumor déploie puissamment douze tracks impactants et superbement orchestrés. Poursuivant depuis le splendide Heaven For A Tortured Mind (2020) ses réflexions sur l’Autre et son amour, Yves Tumor s’interroge ici sur des sentiments réciproques ou destructeurs ; un amour possible ou non, parfois consumé et atomisé comme sur le puissant et accrocheur Heaven Surrounds Us Like A Hood.

Iel évoque encore la jalousie morbide sur Lovely Sewer, dont la dansante bascule synth-pop est appuyée par la géniale Kidä qui assène un évident : « You cannot start a war. Just for the feeling ». Les premières notes éthérées de Parody accompagnent un·e Tumor probablement conscient·e des nombreux regards désormais portés sur son art, qui questionne les apparences et une forme de monstruosité charriée par le statut de pop-star (le sien?), laissant crescendo la place à un final puissant tout en soli de guitare et roulements de batterie, augurant d’intenses moments live.

À écouter Praise A Lord Who Chews But Which Does Not Consume ; (Or Simply, Hot Between Worlds) d’Yves Tumor  (Warp records). Disponible sur les plateformes de streaming.

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