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Interventions en Milieu Scolaire : débattre plutôt que combattre

Christine Lienhart est membre de la coordination nationale Interventions en Milieu Scolaire (IMS) de SOS Homophobie.

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Depuis quand l’association SOS Homophobie organise-t-elle des Interventions en Milieu Scolaire (IMS) ?

Christine Lienhart : Depuis 2004. Nous avons progressivement reçu l’agrément de plusieurs académies, puis un agrément national délivré par le ministère de l’Éducation nationale en 2009. Celui-ci nous a été retiré en novembre 2012 suite à une plainte déposée par la Confédération nationale des associations familiales catholiques. Le Tribunal administratif de Paris a estimé en effet que certaines formules utilisées dans les modules de sensibilisation à la lutte contre l’homophobie pouvaient porter atteinte aux convictions religieuses ou philosophiques des élèves, de leurs parents ou des enseignants. Suite à cela, quelques Interventions en Milieu Scolaire ont été annulées ou reportées par les chefs d’établissements scolaires.

Après avoir opéré les modifications nécessaires, nous avons re-déposé une demande d’agrément et celui-ci nous a à nouveau été accordé par le ministère en mai 2013. Ces agréments ne sont pas indispensables ; il suffit que nous recevions l’autorisation du proviseur ou du principal pour pouvoir intervenir dans un lycée ou un collège. Par ailleurs, d’autres associations organisent elles aussi des Interventions en Milieu Scolaire, avec ou sans agrément national, telles que Le Mag Jeunes LGBT à Paris, Contact au niveau national ou d’autres à l’échelon local.

Combien d’Interventions en Milieu Scolaire organisez-vous par an ?

Christine Lienhart : L’année dernière (2012-2013), nous sommes intervenus dans deux cent quatre établissements dans quatorze académies, ce qui nous a permis de sensibiliser 15 800 élèves. Dans la très grande majorité des cas, il s’agit de classes allant de la quatrième à la Terminale mais il nous arrive aussi de nous rendre dans des classes de sixième ou de cinquième ou dans des BTS. Le déroulé de l’IMS est alors adapté suivant l’âge de l’auditoire : bien évidemment, on ne sensibilise pas à l’homophobie de la même manière des enfants de onze ans et des adolescents de dix-sept ans. Auprès des plus jeunes, on ne parle pas d’homosexualité ou de questionnements sociétaux mais plutôt de la place et du rôle du masculin et du féminin dans la société.

Comment les élèves réagissent-ils ?

Christine Lienhart : Ils apprécient que nous soyons là pour débattre, pas pour combattre. Ils se sentent en confiance car ils savent que nous ne sommes pas là pour les juger : s’ils se sentent dégoûtés par la vision de deux hommes qui s’embrassent, ils peuvent l’exprimer clairement et nous allons en discuter avec eux pour tenter de comprendre ensemble les causes de cette réaction. Bien souvent, c’est simplement parce que c’est inhabituel pour eux. Bien sûr, il y a toujours une minorité d’élèves qui jugent que l’IMS a été inutile ; mais en règle générale, les retours sont positifs.

Peut-on dire que vous professez une forme de morale laïque ?

Christine Lienhart : Oui et d’ailleurs nous ne parlons pas seulement d’homophobie mais aussi d’autres formes de rejet et de discrimination, notamment le racisme, qu’ils connaissent mieux, et le sexisme.

Avez-vous subi le contrecoup des polémiques autour du “genre” à l’école ?

Christine Lienhart : Quelques proviseurs ou principaux ont souhaité annuler les Interventions en Milieu Scolaire qui étaient prévues dans leur établissement par peur de la réaction des parents d’élèves, mais ils ont été peu nombreux. À Paris, par exemple, où nous organisons presque une IMS par jour, nous n’avons du faire face qu’à une seule annulation.

Que répondez-vous à ceux qui estiment que l’école doit revenir aux fondamentaux plutôt que s’ouvrir à des intervenants extérieurs ?

Christine Lienhart : Ces Interventions en Milieu Scolaire s’inscrivent dans des heures prévues par l’Éducation nationale pour lutter contre les discriminations. Certains nous accusent également de faire la “propagande“ de l’homosexualité mais en réalité nous ne parlons pas de sexualité en tant que telle mais d’homophobie et du mal-être qu’elle peut engendrer.

 

Photo 1 : des militants de SOS Homophobie à la Marche des Fiertés LGBT (© Tavallai)
Photo 2 : Christine Lienhart (DR)

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