Léo Redolat monte “Le Frigo” de Copi au Carré 30

Pour sa première mise en scène, le jeune comédien Léo Redolat offre une version personnelle du célèbre Frigo de Copi, entre sobriété et introspection.

À n’en pas douter, la jeune compagnie Nysos Théâtre, basée à Béziers et emmenée par Léo Redolat, ne manque pas de courage pour s’attaquer dès sa première création à la célébrissime pièce de Copi, Le Frigo, dont elle offre la primeur au public lyonnais du Carré 30. D’après le nom de la compagnie, le choix ne semble cependant pas si hasardeux. En effet, dans la mythologie grecque, Nysos est le père de Dionysos, dieu du théâtre et des excès. Dans Night Angels (une trilogie de romans de fantasy écrits par l’Américain Brent Weeks), c’est aussi le dieu du sperme, du vin et du sang : un univers qui ne semble pas si éloigné de la pièce du dramaturge argentin.

Donner à voir la fragilité du personnage

Seul en scène et avec une grande économie de moyens (un micro qui rappelle les chanteuses des années 1950, un mannequin de vitrine, un fauteuil et un panneau qui représente le fameux frigo autour duquel tourne l’intrigue), Léo Redolat incarne L., le personnage au genre fluctuant imaginé par Copi, et les démons qui la hantent, l’obsèdent et la persécutent. Influencé par le travail de Michel Fau et d’Olivier Py, tous deux maîtres du travestissement, le jeune acteur et metteur en scène dit s’être intéressé au Frigo en raison de la marginalité du personnage principal. La pièce, sans défendre ni accabler L., donne en effet à voir la solitude et la grande fragilité du personnage, derrière l’excentricité et la flamboyance. Léo Redolat confie en outre que cette expérience de la marginalité le renvoie à sa propre homosexualité et au changement de statut qu’a pu générer son coming-out.

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Alors que la pièce est propice à l’emphase et à l’excès, Redolat a choisi de travailler l’épure, afin de rester le plus fidèle possible au texte : s’il y a bien des perruques, des plumes et du maquillage à outrance, il ne s’agit pas de transformer L. en bête de foire mais bien de rendre compte des difficultés d’adaptation du personnage : derrière les savoureuses envolées camp grince l’amère tragédie.

 

Le Frigo, du 29 avril au 3 mai au Carré 30, 12 rue Pizay-Lyon 1 / 04.78.39.74.61 / http://theatrecarre30.wixsite.com/site

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