something-must-break-ester-martin-bergsmark-heteroclite

“Something must break” : des amours trans impossibles ?

Porté par deux personnages charismatiques, Something must break dépeint avec sensibilité les amours d’une jeune fille trans et d’un hétéro. Dommage que la fin soit si conventionnelle.

Les histoires d’amour finissent mal, en général chantaient Les Rita Mitsouko en 1986. On pourrait ajouter : surtout lorsqu’il s’agit d’amour trans vues par le prisme du cinéma, comme c’est le cas dans Something must break. Dans son ouvrage fondateur de 1981, The Celluloid Closet (adapté sous forme de documentaire pour la télévision en 1995 par Rob Epstein et Jeffrey Friedman), l’historien du cinéma hollywoodien et activiste gay Vito Russo (1946-1990) montrait que, jusqu’à une époque récente, les rares personnages homosexuels visibles sur grand écran rencontraient tous un destin tragique (un suicide, une mort accidentelle ou de maladie…), comme une sorte de nécessaire rédemption pour leur «péché».

Une fin annoncée et hélas trop classique

On n’en est plus tout à fait là aujourd’hui et, heureusement, le cinéma, même le plus mainstream, est parvenu ces dernières années à montrer des personnages gays ou lesbiens à l’aise avec leur sexualité et vivant des amours heureuses. Ce n’est hélas pas encore le cas pour les personnages trans, qui semblent abonnés à des vies de solitude et de rejet (amis lecteurs, si vous connaissez des films dans lesquels des personnages trans vivent des relations sentimentales épanouies, n’hésitez pas à nous les faire connaître dans les commentaires de cet article…).

something must break ester martin bergsmark heteroclite lyon

Something must break ne déroge pas à cette règle : dès l’intitulé du film (qui est aussi le titre d’une chanson de Joy Division), on comprend que «quelque chose doit se rompre» entre Ellie (Sebastian de son nom de baptême), jeune fille trans un peu paumée, et Andreas, bel hétéro troublé par son désir et ses sentiments naissants pour celle qu’il croit d’abord être «un pédé». C’est dommage, car on ne demande qu’à s’attacher à ces deux héros aux personnalités fortes et originales. Finalement, là où Something must break se singularise le plus, c’est dans une scène de sexe très joliment filmée, à la fois frontale et tendre, qui culmine avec un anulingus. Une pratique sexuelle si peu représentée dans le cinéma non-porno qu’elle mérite d’être ici mentionnée !

 

Something must break d’Ester Martin Bergsmark. En DVD chez Outplay

 

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.