Habit or not to be

Amaurie Agier Aurel

Premier Week-end de spectacles aux Subsistances. Plusieurs artistes, dont Alexandre Roccoli et Alain Buffard, interrogent les liens entre danse contemporaine et vêtement.

Ils sont sans doute peu nombreux à créer leurs pièces successivement aux galeries Lafayette puis aux Subsistances. Alexandre Roccoli appartient à cette catégorie d’artistes qui s’intéressent aux matières et aux gestes tels qu’ils existent dans la réalité ; peu étonnant donc, qu’il soit capable de passer d’un lieu de consommation à un lieu de représentation, sans tabou. Le chorégraphe, qui a commencé sa carrière comme acteur auprès d’Ariane Mnouchkine, a précédemment travaillé sur les phénomènes de transe qui surgissent par exemple lors de grandes fêtes électro. Il vivait alors à Berlin, ville idéale pour étudier ces moments et ces lieux où le geste quotidien devient rituel, tant la capitale allemande est un théâtre permanent. C’est sans doute aussi là qu’il a pu nourrir son intérêt pour les costumes. Il raconte l’importance de son expérience des soirées fétichistes gays ; il a pu assister à des orgies monumentales où s’exerçaient, dit-il, «des pratiques du corps tout à fait singulières». Des endroits où le corps droit et civilisé disparaît, où les extrémités et l’espace qui sépare chaque individu s’estompent. «Le costume, l’habit sont des outils pour couvrir mais aussi pour découvrir» explique le jeune artiste ; comme sur une scène de théâtre, l’enjeu est dans ce qui est obscène autant que dans ce qui est montré. Une affaire de désir tout simplement. Et si on faisait costume avec le théâtre même. C’est l’une des propositions d’Alexandre Roccoli, de sa partenaire de travail, la styliste Asha Mines dans leur spectacle Last, last. Le théâtre peut corseter, protéger, dévoiler : les rideaux, tapis de sol, projecteurs deviennent donc ici des habits. Une séquence propose même une séance de bondage avec des guindes. Art du détournement que maîtrise aussi Alain Buffard, que nous aurons le plaisir de retrouver avec une proposition intitulée EAT. Il transformera quant à lui en costumes des aliments, «en objets fétichistes dévorés puis recrachés» parlant ainsi de cannibalisme et de système de production. Vous ne pourrez plus jamais dire d’un air méprisant : «ce ne sont que des vêtements».

À voir aussi
Rire
Antonia Baer
Antonia Baer subvertit normes de genre et normes tout court. Certains l’avaient peut-être entendu rire lors d’une conférence donnée à l’école des Beaux-Arts de Saint-Étienne et déclencher une hilarité aussi gênée qu’absurde dans l’assemblée. Pour ce spectacle, elle a demandé à ses amis de lui offrir des «partitions de rire»…
Vice Versa
Collectif Ildi Ildi
Cette pièce a été créée lors du dernier festival Les Intranquilles. Les trois comédiens emmenés par une belle Sophie Cattani en secrétaire médicale animatrice de talk show, s’emparent d’un roman de Will Self Vice/Versa, une histoire de vagin qui pousse derrière le genou d’un homme…
Mâtitube
Compagnie Les Hommes penchés
Après avoir enchanté les spectateurs des Subsistances avec une pièce aussi rythmée et impressionnante qu’intelligente (Human (articulations)), Christophe Huysmans et ses deux acolytes reviennent avec un mât. Loin du mât chinois traditionnel, celui-ci tourne dans tous les sens promettant un ballet acrobatique déconcertant.
Ali
Mathurin Bolze et Hedi Thabet
Mathurin Bolze, bien connu du public lyonnais, rencontre Hedi Thabet. Deux acrobates brillants et inventifs dont les expériences communes et les spécificités vont se heurter et s’équilibrer, dans un mouvement forcément unique.

Week-end Ça valse
DU 10 au 12 octobre aux Subsistances
8 bis quai Saint-Vincent-Lyon 1 / 04.78.39.10.02 / www.les-subs.com

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