Perfume Genius sort de sa lampe avec l’album Too Bright


Perfume Genius revient avec un troisième album, Too Bright, et des compositions au goût de vengeance, aussi démentes que surprenantes.


 

perfume genius too bright heterocliteÀ quel génie du parfum l’artiste américain Perfume Genius fait-il référence à travers son nom de scène ? À celui de ses pieds, qu’autrefois il rêvait de se faire renifler moyennant finance ? Mike Hadreas, de son vrai nom, a longtemps été très bavard sur sa vie privée et les anecdotes de cet acabit à son sujet sont légion. Il ne s’en cache pas : il est gay, fétichiste et aime autant les chubbies (comme ce pote obèse de sa mère sur lequel il fantasmait lorsqu’il avait cinq ans) que feu la porn-star gay Árpád Miklós (avec lequel il a tourné un clip traveloté). Révélé par MySpace, l’artiste connaît le succès avec deux albums, principalement sur un mode piano-voix, très (trop ?) introspectifs et qui ne narraient que des histoires de victimes et de jets de pierre, d’addiction, de coming out, d’inceste… Touchant, séduisant, à fleur de peau, l’artiste semblait alors pourtant encore en devenir : le manque de sublimation et la tendance au pathos brouillaient l’écoute. On pensait avoir fait le tour de Perfume Genius. Mais lorsque a retenti Queen, le premier single de son dernier album Too Bright, on a compris qu’on n’en avait pas encore fini avec lui.

La revanche d’une Queen

Le clip de Queen met en scène les pulsions de désordre et de saccage de l’artiste. «No family is safe when I sashay» («aucune famille n’est en sécurité quand je marche en me déhanchant») clame-t-il dans ce titre. Perfume Genius prend sa revanche et quitte enfin sa position de victime. Il sort les armes (musicales) et quitte la solitude qui était jusqu’à présent la sienne derrière son piano. Queen est un titre rageur, sur lequel la voix, saturée de vengeance, est portée par une mélodie synthétique et répétitive, comme pour mieux enfoncer le clou de ses représailles. Pour ce troisième album, Perfume Genius a fait appel à Adrian Utley, le guitariste de Portishead, qui apporte à Too Bright l’obscurité, la tension, l’angoisse et le trouble nécessaires pour amener les morceaux vers une expression de sentiments plus nuancée et plus complexe. Quel plaisir masochiste de se sentir malmené par Mike Hadreas autrement que par une voix triste chantant des déboires sordides ! My Body est un morceau grinçant, électrique et angoissant, qui s’enchaîne paradoxalement avec le lumineux Don’t Let Them In, un retour au piano-voix somptueux et mystérieux qui tutoie les anges. Mais c’est pour mieux sombrer ensuite avec Grid, le titre le plus inventif et le mieux arrangé de l’album, avec ses chœurs et ses cris aussi dynamiques que dérangeants et son rythme qui s’accélère comme un tourbillon sans issue. De toute évidence, Mike Hadreas est encore régulièrement visité par ses vieux démons. Mais la lumière semble pour la première fois pointer au bout du tunnel – et c’est une excellente nouvelle aussi bien pour lui que pour nous.

Too Bright de Perfume Genius / www.facebook.com/perfumegeniusofficial

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