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Marches des Fiertés : c’est quoi, un bon mot d’ordre ?

«1995-2015 : fièr.e.s de nos luttes, continuons de marcher !» : tel est le mot d’ordre choisi par la Lesbian and Gay Pride de Lyon pour la vingtième édition de la Marche des Fiertés LGBT de la capitale des Gaules.

Marche des fiertés LGBT mot d'ordre 2015 LyonQu’est-ce qu’un bon mot d’ordre, pour une Marche des Fiertés ? Il y a deux mois, l’Inter-LGBT (qui organise celle de Paris) nous a donné un début de réponse à cette question en commençant par nous montrer ce qu’était un mauvais mot d’ordre (finalement remplacé par un autre, tout aussi inconsistant : «multiples et indivisibles») : un message flou et dénué de toute revendication précise («nos luttes vous émancipent»), dont l’ambivalence devient ambiguïté dès lors qu’il est associé à un visuel tout aussi vague et encore plus contestable.

En passant en revue les mots d’ordre des dix-neuf premières Marches des Fiertés de Lyon, on remarque que les meilleurs, ceux qui restent dans les mémoires, sont souvent ceux qui se fixent des objectifs politiques précis et atteignables : le CUS, première ébauche du PACS, en 1996 ; le PACS lui-même en 1999 ; la loi pénalisant les propos homophobes en 2004 ; le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe en 2012. À l’inverse, il est amusant de constater que le mot d’ordre de 2000 («ensemble contre les discriminations») était tellement flou et imprécis qu’il a pu être réutilisé quasiment tel quel l’année suivante !

Le temps presse

Ce qui n’est certes plus le cas aujourd’hui. Car après le mot d’ordre ambitieux, politique et courageux de l’an dernier («droits des trans, PMA, IVG, GPA, prostitution nos corps, nos choix !»), la Lesbian and Gay Pride (LGP) de Lyon a choisi pour 2015 un message beaucoup plus consensuel et un visuel qui recycle à peu de frais l’imagerie révolutionnaire du poing levé. On imagine sans peine que la désapprobation très nette exprimée l’an dernier par le maire Gérard Collomb (rappelons que la Ville de Lyon, tout comme la Région Rhône-Alpes, subventionne la Quinzaine des Cultures LGBT dans laquelle s’inscrit la Marche) et par les pontes du PS local (le premier fédéral du Rhône, David Kimelfeld, s’était même fendu d’une lettre ouverte à la présidente de la LGP lui reprochant son ingratitude à l’égard du gouvernement…) a davantage incité les militants à l’autocensure qu’à la créativité subversive.

Soit. Et l’année prochaine ? La Marche des Fiertés de 2016 sera la dernière avant la présidentielle, qui est peut-être la seule élection qui compte encore tant soit peu dans notre système politique en déliquescence. Il ne restera alors plus qu’un an au gouvernement pour tenir enfin ses engagements (sur les droits des trans et l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, notamment), avant le retour aux affaires annoncé de la droite, dont il ne faut évidemment attendre aucune avancée. En 2016, un mot d’ordre tel que «PS, tiens tes promesses !», ça aurait de la gueule, non ?

 

Photo 1 : des militants de l’Inter-LGBT présentent la version initiale (retirée depuis) de l’affiche et du mot d’ordre de la Marche des Fiertés LGBT 2015 de Paris, samedi 11 avril 2015 au Printemps des associations dans le Marais à Paris
Photo 2 : affiche de la Marche des Fiertés LGBT 2015 de Lyon

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