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“La Cuisine d’Elvis” : entre Ken Loach et Absolutely Fabulous

Pierre Maillet met en scène La Cuisine d’Elvis, pièce du Britannique Lee Hall sur les difficultés d’une adolescente coincée entre ses parents excentriques.

Après s’être immergé dans l’univers interlope de la Factory d’Andy Warhol avec le diptyque Little Joe (Little Joe : New York 68 et Little Joe : Hollywood 72, deux spectacles créés d’après les films Heat, Trash et Flesh de Paul Morrissey), Pierre Maillet revient à la Comédie de Saint-Étienne avec La Cuisine d’Elvis, un texte de l’auteur britannique Lee Hall, connu notamment pour être le scénariste du film Billy Elliot.

Dans cette pièce que Pierre Maillet décrit comme une rencontre entre les univers de Mike Leigh, Ken Loach et Absolutely Fabulous, Lee Hall dépeint la vie d’une famille de Newcastle à travers le regard de Jill, une adolescente obsédée par la nourriture. La jeune fille doit composer avec son père, en fauteuil roulant depuis un grave accident de voiture, qui ponctue l’action d’intermèdes chantés et dansés (malgré son handicap) consacrés à son idole Elvis Presley, et sa mère, une prof d’anglais de trente-huit ans qui s’éprend du beau Stuart, un pâtissier dont la présence va avoir des conséquences sur tous les membres de la famille.

Une pièce sur les faux-semblants

À travers l’humour et le mauvais goût revendiqué, Lee Hall se livre à une osculation de l’âme humaine et de la middle class britannique. L’auteur entretient également un malentendu : voit-on les événements à travers le regard de la Jill adolescente ou de l’adulte qui se remémore ses souvenirs ? Cette inconnue crée un effet de décalage constant qui oblige le spectateur à reconsidérer toute approche réaliste.

Habitué avec sa compagnie le Théâtre des Lucioles à explorer les personnages en marge, souvent incompris ou en rupture,  Pierre Maillet s’intéresse avec La Cuisine d’Elvis aux faux-semblants, chacun des personnages se révélant bien plus complexes que le pitch de départ ne le laisse suggérer. Le spectacle livre ainsi une réflexion sur l’adolescence, sur les rapports mère/fille, mais également sur la façon dont chacun s’accommode de son existence et tente d’en tirer le meilleur.

Jouant sur tous les registres théâtraux, du drame familial au music-hall, la forme de la pièce devient le miroir des errances et des doutes des personnages, nous rappelant que la linéarité est rarement le chemin de vie auquel nous nous trouvons confronté-e-s.

 

La Cuisine d’Elvis, du 11 au 21 janvier 2018 aux Célestins à Lyon (69)

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