gilles pastor

Au TNP, Gilles Pastor explore la figure du père chez Pasolini

Gilles Pastor ajoute une pierre à son édifice autour de l’œuvre de Pier Paolo Pasolini et de la question de la paternité en reprenant Affabulazione en diptyque avec une version d’Œdipe Roi inspirée par le film de l’artiste italien.

Nul doute que le public sera saisi d’une émotion particulière en entendant la voix de Jeanne Moreau s’élever dans la salle Jean Bouise du TNP de Villeurbanne. La comédienne, décédée cet été à l’âge de 89 ans, avait en effet enregistré la voix off d’Affabulazione, spectacle créé en 2014 par Gilles Pastor et repris en cette rentrée en diptyque avec la nouvelle création du metteur en scène lyonnais, Œdipe Roi. Poursuivant son travail autour de l’œuvre de Pier Paolo Pasolini, Pastor creuse à nouveau les liens entretenus par le poète italien du XXe siècle avec la tragédie grecque en général et Sophocle en particulier. Au delà du simple attrait pour la mythologie, Pastor marche dans les pas de l’auteur de Théorème et livre une réflexion sur cette unité bourgeoise que représente la famille et plus largement sur les liens unissant père et fils.

Affabulazione ;mise en scene G.PASTOR

Affabulazione, rédigée par Pasolini à la fin des années 1960, est une pièce construite sur le modèle d’une tragédie grecque qui met en scène la désintégration d’une riche famille d’industriels milanais, après que le père a désiré en rêve le corps de son fils. L’explosion de la cellule familiale et les rapports complexes de désir et de jalousie entre un père, une mère et leur enfant sont également au centre du film Œdipe Roi, réalisé en 1967 par Pasolini et qui s’inspire librement de la pièce du même nom de Sophocle et des divers mythes autour de la figure du roi parricide et incestueux de Thèbes.

Sugar daddy ?

Dans sa mise en scène d’Affabulazione, Gilles Pastor a pris une position esthétique forte en transformant le plateau en terrain de football synthétique et en faisant intervenir sur scène par intermittence cinq jeunes footballeurs, réminiscence du chœur antique. Apparaît alors une mise en abîme de la vision du football par Pasolini, qui entretenait pour ce sport une véritable passion : «athlétique, physique, musculaire, technique, stylistique». En effet, pour Pastor, cette définition s’applique également au théâtre de l’artiste du Frioul et la présence des jeunes sportifs sur le plateau renvoie à la fascination que leurs corps exerçaient sur ce dernier, comme un écho au désir que le père éprouve pour son fils dans la pièce.

Affabulazione ;mise en scene G.PASTOR

En outre, Pasolini a toujours revendiqué une dimension autobiographique dans son Œdipe Roi et Pastor n’a jamais caché que la paternité est un thème qui, à cinquante ans passés, l’a travaillé sur un plan personnel. Les deux pièces du diptyque fonctionnent alors en miroir, offrant deux visions complémentaires des rapports père/fils, successivement du point de vue de l’un puis de l’autre.

 

Œdipe Roi, du 21 septembre au 1er octobre au TNP, 8 place Lazare-Goujon-Villeurbanne / 04.78.03.30.00 / www.tnp-villeurbanne.com
Affabulazione, en diptyque avec Œdipe Roi, les 23 et 30 septembre et le 1er octobre

 

Photos © Michel Cavalca

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.